Le professeur canadien Hassan Diab reconnu coupable d’un attentat en France

OTTAWA — Les sympathisants d’un ancien professeur de l’Université d’Ottawa d’origine libanaise appellent le Canada à refuser toute demande d’extradition de la France, qui vient de reconnaître l’homme coupable d’un attentat à la bombe en 1980.

Hassan Diab, qui a toujours clamé son innocence, a été jugé par contumace à Paris pour l’attentat contre une synagogue qui a fait quatre morts et 46 blessés.

Un tribunal français a condamné vendredi M. Diab à la prison à vie et a lancé un mandat d’arrêt contre lui.

M. Diab a qualifié le résultat d’incroyable et de kafkaïen: «nous espérions que la raison l’emporterait», s’est-il désolé.

Interrogé sur la possibilité que la France fasse une autre demande d’extradition,le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré vendredi que son gouvernement «prenait très au sérieux l’importance de protéger les citoyens canadiens et de respecter tous leurs droits».

Il s’agit du dernier rebondissement d’une longue saga qui a suscité des demandes au Canada pour réformer les lois sur l’extradition.

En novembre 2008, la Gendarmerie royale du Canada avait arrêté M. Diab en réponse à une demande d’extradition de la France. À la suite de longues procédures qui ont abouti jusqu’à la Cour suprême du Canada, Hassan Diab a été extradé vers la France où il a passé trois ans derrière les barreaux, dont du temps en isolement cellulaire.

Les juges français ont rejeté les allégations portées contre lui en janvier 2018 et ordonné sa libération immédiate, lui permettant de retourner à Ottawa où il vit avec sa femme et ses enfants.

Une cour d’appel en France a par la suite décidé, en janvier 2021, que M. Diab devait finalement être jugé pour des accusations liées au terrorisme – une décision que son avocat canadien Donald Bayne a qualifiée d’inexplicable.

Les autorités françaises avaient identifié Hassan Diab comme suspect en 1999, près de vingt ans après les faits. Paris l’accusait d’avoir posé la bombe, le soir du 3 octobre 1980, devant la synagogue de la rue Copernic, où 320 fidèles s’étaient rassemblés pour marquer la fin d’une fête juive.

M. Diab, aujourd’hui âgé de 69 ans, a nié toute implication dans l’attentat: il soutient qu’il se trouvait ce jour-là dans une université de Beyrouth. Ses partisans et avocats en France et au Canada affirment que M. Diab a été accusé à tort par les autorités judiciaires françaises — qu’il s’agit d’une erreur d’identité.

«Les preuves montrent qu’il est innocent et pourtant ils l’ont condamné», a dénoncé M. Bayne vendredi, aux côtés de M. Diab au Monument canadien pour les droits de la personne, au centre-ville d’Ottawa. «C’est un résultat politique. C’est une condamnation injustifiée.»

M. Bayne a dit que la prochaine étape consiste à attendre de voir si la France fait une deuxième demande d’extradition, une demande que le Canada pourrait refuser.

Après le retour de M. Diab au Canada en 2018, le premier ministre Justin Trudeau avait déclaré que ce qu’il avait vécu «n’aurait jamais dû arriver».

«Le temps est maintenant venu pour le Canada de concrétiser l’engagement du premier ministre», a déclaré vendredi le comité de soutien de Hassan Diab dans un communiqué.

«Le Canada doit faire savoir de manière absolument claire qu’aucune deuxième demande d’extradition du Dr Diab ne sera acceptée. Il ne doit plus y avoir une autre erreur judiciaire!»

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