Le projet CanCURE obtient une subvention de 6 millions $

MONTRÉAL — Le Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE) a obtenu une subvention de 6 millions $ des Instituts de recherche en santé du Canada, a appris en primeur La Presse canadienne.

Cet appui financier permettra à CanCURE de poursuivre ses activités jusqu’en 2024. Le Consortium regroupe 19 collaborateurs, dont la moitié sont installés au Québec, et vise à contrer les principaux obstacles à la guérison du VIH en mettant à profit la synergie entre chercheurs en laboratoire et en clinique, ainsi que les communautés de personnes qui vivent avec le VIH.

«Il faut bien comprendre qu’on partait de rien du tout (il y a cinq ans), a expliqué le directeur du projet, le docteur Éric Cohen. C’était vraiment de développer l’infrastructure clinique dont on aurait besoin si demain matin il y avait quelque chose qui fonctionnait (…) (pour)faire le suivi clinique de ces expérimentations de guérison.»

Le docteur Cohen est le directeur de l’unité de recherche en rétrovirologie humaine de l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Les travaux de CanCURE visent à trouver de nouvelles approches qui permettraient une rémission du VIH chez les personnes infectées sans qu’elles aient besoin de thérapie antirétrovirale.

Les chercheurs souhaitent notamment comprendre comment, malgré cette thérapie, le VIH parvient à demeurer sous une forme silencieuse au sein de certaines cellules, que l’on appelle «réservoirs».

Le premier volet du programme a déjà permis aux chercheurs d’élaborer des méthodologies pour identifier et mesurer les réservoirs du VIH avec plus de précision. Ils ont également mis au point des approches pour éliminer ou contrôler ces réservoirs.

La phase 2.0 du projet portera entre autres sur la cartographie des réservoirs de VIH dans le corps humain.

«On veut d’abord comprendre où tous ces réservoirs se situent chez un individu qui est infecté, a dit le docteur Cohen. Ce qu’on connaît actuellement ce sont surtout les réservoirs auxquels on peut avoir accès, comme dans le sang, des tissus qu’on peut prélever, mais on sait que le virus se retrouve un peu partout chez des individus infectés. Un des projets de l’équipe est de (…) savoir où tous ces réservoirs se situent pour pouvoir mieux les (…) éliminer.»

Si on veut réduire ou éliminer ces réservoirs, explique-t-il, on doit être en mesure de les mesurer, autrement il sera impossible d’évaluer l’efficacité d’une intervention.

Les chercheurs tenteront aussi de comprendre comment les interactions entre cellules immunitaires favorisent la formation de certains réservoirs et influencent ainsi la persistance et la présence du virus malgré les traitements. Ils s’intéresseront notamment à des cellules immunitaires appelées macrophages.

Leurs travaux des cinq prochaines années s’articuleront autour de trois grands axes: examiner la possibilité de rendre le virus visible au système immunitaire dans les cellules où il se cache; étudier des macrophages spéciaux ayant une longue durée de vie et une capacité de renouvellement où le virus se terre; et faire progresser les approches développées pendant la première phase afin d’éventuellement procéder à des études cliniques chez l’humain.

Quelque 37 millions de personnes vivent avec le VIH à travers le monde, dont près de deux millions d’enfants de moins de 15 ans.