OTTAWA — Un expert des Nations unies estime que le projet de loi canadien qui interdirait les «thérapies de conversion» pour modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre pourrait aussi contribuer à promouvoir les droits des minorités sexuelles et de genre ailleurs dans le monde.
Victor Madrigal-Borloz est l’expert indépendant des Nations unies sur la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. En entrevue avec La Presse Canadienne, il soutient que des projets de loi comme celui déposé par les libéraux à Ottawa au début du mois sont l’un des moyens les plus efficaces de protéger et de faire progresser les droits des LGBTQ2.
Le projet de loi vise à interdire les soi-disant «thérapies de conversion», dénoncées par les experts et les scientifiques. Le projet de loi rendrait notamment illégal le fait de tirer un profit des thérapies de conversion ou d’en faire la promotion.
Le projet de loi des libéraux a déjà l’appui des chefs des partis de l’opposition aux Communes, mais le nouveau chef conservateur, Erin O’Toole, a accusé le gouvernement de présenter un texte législatif qui pourrait diviser ses troupes, au moment même où il en prenait la direction.
Certains députés conservateurs se sont vigoureusement opposés à la version antérieure du projet de loi, tandis que l’un des candidats dans la course à la direction du parti, le député Derek Sloan, a soutenu que cela équivalait «en fait à inscrire dans la loi la maltraitance des enfants». M. Madrigal-Borloz a refusé de commenter spécifiquement le point de vue du député Sloan, mais il rappelle que la politisation de ces questions à des fins électoralistes n’est pas nouvelle.
Il explique que les gouvernements disposent de toute une gamme d’options pour éliminer les thérapies de conversion, notamment en les interdisant dans les cliniques des psychologues, des médecins et dans les agences individuelles. «Et dans certains cas, on adopte une interdiction générale, ce qui est, je pense, aussi proche de ce à quoi le Canada aspire», a déclaré M. Madrigal-Borloz. «Et je trouve que ce type de disposition plus globale est probablement la meilleure façon, en ce qui concerne les pratiques que j’ai vues à travers le monde.»
«Ces pratiques auront un impact au Canada, mais également dans le monde, en ce qui concerne les pratiques d’autres États qui sont actuellement en discussion.»
Dans ses fonctions auprès de l’ONU, il «utilise de vrais exemples d’États qui travaillent réellement sur ces questions, pour apporter ce qui a fait ses preuves dans d’autres contextes».
M. Madrigal-Borloz a lancé mercredi un panel de discussion vidéo de deux jours, qui comprend notamment la ministre canadienne du Développement international, Karina Gould.
Mme Gould a réitéré l’engagement de 30 millions de dollars du Canada pour soutenir les droits des minorités sexuelles et de genre de 2019 à 2024. Elle a annoncé qu’une partie de cet argent irait à un nouveau fonds pour aider les organisations internationales à se pencher sur les questions liées aux LGBTQ2 dans les pays en développement.
Mme Gould a affirmé qu’il était important de renforcer la capacité des organisations canadiennes et locales.