QUÉBEC — Le gouvernement Couillard fait miroiter des baisses d’impôts à venir pour les entreprises et les particuliers en cette année pré-électorale.
Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a évoqué vendredi que ces deux catégories de contribuables étaient «dans la mire» du gouvernement, sans préciser les allégements à venir. Le premier ministre Philippe Couillard avait pourtant indiqué plus tôt cette année qu’il avait déjà rempli son engagement en matière de baisse d’impôts.
Au cours d’une téléconférence en après-midi pour commenter les résultats budgétaires du Québec au premier trimestre, le ministre des Finances a d’abord répondu que pour un répit fiscal en 2018-2019, «on verra bien en temps et lieu».
Appelé à préciser sa pensée, M. Leitao a alors donné des indices supplémentaires, en évoquant notamment les petites et moyennes entreprises (PME).
«Il est important que les entreprises puissent bénéficier d’un régime fiscal compétitif, et aussi les particuliers, les deux sont dans la mire, mais je mets l’accent sur les PME», a-t-il déclaré.
Rappelons que les libéraux s’étaient engagés en 2014 à consacrer la moitié des surplus budgétaires à la baisse du fardeau fiscal. En juin dernier, le premier ministre Couillard avait affirmé qu’il avait déjà réalisé cet engagement électoral en abolissant la contribution santé et en rehaussant l’exemption de base.
Le Rapport mensuel des opérations financières commenté par M. Leitao vendredi après-midi indique que le Québec a amassé un mince surplus de 98 millions $ pour le premier trimestre de l’année financière 2017. C’est un mois de juin plus profitable qui a réussi à effacer l’ardoise des mois d’avril et mai déficitaires.
Pour la même période en 2016, Québec avait plutôt encaissé un déficit de 529 millions $.
Si on tient compte du versement au Fonds des générations (506 millions $), Québec affiche un surplus plus considérable de 604 millions $ depuis le début de l’exercice financier 2017.
Le rapport fait état d’une hausse de 4,8 pour cent des revenus du fonds général pour les trois mois initiaux de l’exercice 2017, par rapport à la période équivalente de 2016, soit 923 millions $ supplémentaires.
Cet excédent rondelet est attribué à la croissance des taxes à la consommation (230 millions $), des impôts des sociétés (202 millions $), de l’impôt sur le revenu des particuliers (145 millions $), de même que des revenus des entreprises du gouvernement (47 millions $).
«Cela veut tout simplement dire qu’il y a plus de personnes au travail, plus de personnes qui paient de l’impôt», a dit le ministre.
Les transferts fédéraux sont également majorés, principalement grâce à la péréquation (+262 millions $).
En contrepartie, les dépenses du fonds général n’ont augmenté que de 1,7 pour cent, soit de 318 millions $. Le poste de la santé et des services et sociaux (+205 millions $) ainsi que celui de la gouverne et justice (+106 millions $) sont en majeure partie à la source de cette hausse.
La hausse des dépenses devrait s’accentuer en cours d’année, a prévenu M. Leitao, pour se rapprocher de la cible annuelle de 4,1 pour cent.
Le service de la dette a grugé 170 millions $ de moins que la même période, à 1,76 milliard $.
La situation économique du Québec est «très favorable», a résumé le ministre, qui appelle néanmoins à la prudence, en raison de certains risques qui planent. Il a cité entre autres la facture des inondations du printemps dernier, la hausse récente des taux d’intérêt, les négociations en cours sur l’ALÉNA, ainsi que la crise de l’industrie du bois d’oeuvre.
Le gouvernement Couillard s’attribue le mérite de la bonne tenue de l’économie québécoise, qui serait le résultat du contrôle des finances publiques, a soutenu M. Leitao.
«La bonne performance des finances publiques soutient la confiance des consommateurs et des entreprises. On voit ça dans la consommation des ménages, un moteur important de notre croissance, et cela est appuyé par la création d’emplois. L’accélération des dépenses de consommation provient de la hausse du revenu disponible et n’est pas financée par une hausse de la dette.»
Il a rappelé que la dette du Québec restait néanmoins élevée.
M. Leitao est revenu sur un autre engagement électoral, soit celui de créer 250 000 emplois sur cinq ans. Un total de 197 000 emplois ont été créés depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux en 2014 et la cible demeure «tout à fait faisable», à raison de 3000 emplois par mois pour les 19 mois à venir, a affirmé le ministre.
En 2016-2017, le gouvernement avait largement sous-estimé le surplus budgétaire: au lieu de 250 millions $, il s’était élevé à 2,5 milliards $. Cependant M. Leitao refuse de présumer d’un scénario similaire, en raison de «tous les éléments de risque à gérer».
Rappelons que le budget déposé en mars prévoit de nouveau l’équilibre budgétaire en 2017-2018, avec un excédent de 100 millions $ et 2,5 milliards $ en excédent à verser au Fonds des générations.
Créé en 2006, le Fonds est consacré exclusivement à rembourser la dette du Québec. Il est notamment alimenté par les redevances provenant d’Hydro-Québec et des producteurs privés d’électricité, ainsi que par les revenus miniers et la taxe sur les boissons alcoolisées.