Le sénateur David Tkachuk dit qu’il n’a jamais conseillé Mike Duffy

OTTAWA – Un sénateur conservateur haut placé qui a été qualifié de gourou des règles du Sénat par le juge lors du procès de Mike Duffy affirme que la vision qu’ont beaucoup de gens de son rôle dans toute cette affaire relève plus de la fiction que de la réalité.

Le sénateur David Tkachuk insiste qu’il n’a jamais conseillé M. Duffy au sujet de son allocation de logement et de ses dépenses de voyage, même si le juge au procès s’est fait relater le contraire.

M. Tkachuk dit qu’il n’a donné qu’un seul conseil, lors d’une rencontre en janvier 2009 pour les nouveaux sénateurs au sujet des responsabilités du caucus, avant qu’il ne soit nommé à l’exécutif du comité de régie interne du Sénat, qui supervise les règles de dépenses.

M. Duffy a raconté au procès qu’il avait parlé à M. Tkachuk seul à seul après cette rencontre et lui avait demandé s’il pouvait ou non réclamer des dépenses pour sa maison d’Ottawa en tant que résidence secondaire.

Cette question a fait surface lorsque des médias ont soulevé des questions au sujet de l’admissibilité constitutionnelle de M. Duffy de pouvoir siéger comme sénateur pour l’Île-du-Prince-Édouard.

M. Duffy a témoigné que M. Tkachuk lui avait dit que ces réclamations étaient essentielles pour les questions d’admissibilité et que M. Duffy devrait réclamer pour ses repas dans la capitale, même si ce dernier a dit que personnellement, il ne considérait pas cela justifié.

M. Tkachuk dit que cette rencontre n’a jamais eu lieu.

En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Tkachuk a soutenu avoir dit à M. Duffy de parler aux avocats du Sénat ou à quelqu’un du comité de régie interne s’il devait répondre à des questions le 7 janvier 2009 au sujet des règles du Sénat.

Le sénateur Tkachuk dit qu’il ne s’est pas joint au comité de régie interne avant le 10 février 2009.

«Il est important que les gens sachent que je n’étais pas là en train de donner des conseils au sénateur Duffy sur ce qu’il devait faire au sujet de ses allocations de logement lors d’une rencontre que je n’ai jamais eue avec lui et à laquelle je n’aurais eu aucun droit d’assister car je n’étais pas membre du comité de régie interne».

M. Duffy n’a pas répondu à une demande de commentaires.

À la fin du mois dernier, le juge Charles Vaillancourt a rejeté 31 accusations criminelles de fraude, de corruption et d’abus de confiance qui avaient été portées contre M. Duffy, toutes en lien avec ses réclamations de dépenses au Sénat.

M. Tkachuk ajoute que les faits offerts au procès criminel ont présenté son rôle de façon biaisée et qu’il parle maintenant pour donner sa version de l’histoire.

M. Duffy est retourné sur la colline du Parlement pour la première fois lundi depuis qu’il a été acquitté des 31 accusations.

Le sénateur a l’occasion, mardi, de reprendre son siège à la chambre haute et de faire face à ses collègues qui ont voté pour le suspendre sans paie à la fin de 2013.

Le sénateur John Wallace a déclaré que le processus de suspension avait été un fiasco et un abus de procédure.

Il a déclaré que le Sénat devrait redonner à M. Duffy la somme de presque 270 000 $ qu’il a perdue durant sa suspension parce que la décision du juge Vaillancourt avait totalement démoli le fondement de la suspension: que M. Duffy avait été négligent avec ses dépenses.

«Il y a eu un jugement hâtif et certains diront un jugement politique hâtif et il en a payé le prix», a dit M. Wallace.

Il pourrait récupérer l’argent avec l’adoption d’une motion, que n’importe quel sénateur pourrait présenter.

Le sénateur Don Plett, le whip conservateur, ne voulait pas dire si M. Duffy méritait de récupérer ses paies.

«Sa paie n’a pas été déduite en raison des accusations criminelles. Elle a été déduite en raison d’une action disciplinaire, bien avant qu’il y ait des accusations criminelles. Les deux choses ne sont pas reliées», a déclaré le sénateur en route vers la chambre haute.