Le smog entraîne la fermeture d’écoles en Inde

NEW DELHI — Les écoles ont été fermées indéfiniment et les centrales énergétiques au charbon ont dû cesser leurs activités dans la capitale indienne et ailleurs, mercredi, quand les responsables ont adopté des mesures draconiennes pour combattre une pollution de l’air qui ne cesse de se détériorer.

Le plus haut tribunal du pays a été appelé à se prononcer sur un éventuel confinement. Ce serait la première fois qu’une telle mesure serait imposée pour endiguer le smog et non le coronavirus.

On ne sait pas exactement quelle ampleur la mesure aurait, mais le gouvernement de New Delhi a déjà témoigné de sa détermination à imposer pendant la fin de semaine un confinement similaire à celui mis en place pendant la pandémie. La décision de la Cour suprême pourrait survenir dès le 24 novembre.

Le gouvernement est à décider si les industries pourraient continuer à fonctionner. Des experts estiment qu’un confinement serait peu efficace pour contrôler la pollution atmosphérique et ne ferait que nuire à l’économie et à l’emploi.

«Ce n’est pas la solution dont nous avons besoin, parce que ce serait vraiment dérangeant. N’oublions pas que l’économie est déjà sous pression, les pauvres sont menacés», a dit Anumita Roychowdhury, la directrice générale du Centre pour la science et l’environnement de New Delhi.

La poussée fulgurante de la pollution dans la capitale a incité le gouvernement fédéral à publier mardi des directives très strictes pour endiguer la situation et pour montrer à la population que le gouvernement intervient pour combattre un problème qui touche la capitale depuis plusieurs années.

En plus de la fermeture des écoles, la Commission pour la gestion de la qualité de l’air a ordonné l’arrêt de toutes les activités de construction jusqu’au 21 novembre et interdit la circulation des camions qui ne transportent pas des biens essentiels. On encourage aussi le télétravail pour la moitié des employés des entreprises privées.

Même si la qualité de l’air s’est modestement améliorée à New Delhi depuis deux jours, les niveaux de particules dangereuses étaient sept fois supérieurs à la limite jugée sécuritaire mercredi, atteignant 300 microgrammes par mètre cube dans certains quartiers.

L’Organisation mondiale de la santé estime qu’une concentration de 25 microgrammes par mètre cube est sécuritaire.

Les météorologues préviennent que la qualité de l’air se détériorera jusqu’à l’arrivée la semaine prochaine de vents frais qui balaieront le smog.

La capitale indienne a été frappée par plusieurs jours de pollution grave plus tôt ce mois-ci. La Cour suprême a alors ordonné aux gouvernements fédéral et régionaux de prendre des mesures «immédiates et urgentes» pour s’attaquer à ce qu’elle a qualifié de crise.

New Delhi arrive chaque année en tête de liste des villes indiennes étouffées par le smog. La situation se détériore particulièrement pendant l’hiver, quand l’incinération des résidus agricoles dans les États voisins coïncide avec le temps plus frais qui emprisonne la fumée. Cette fumée dérive jusqu’à New Delhi, détériorant la qualité de l’air pour les vingt millions d’habitants de la ville.

Les émissions d’industries qui ne sont pas équipées de mesures de contrôle de la pollution, les polluants dégagés par les feux d’artifice utilisés lors de festivals et la poussière générée par la construction augmentent aussi beaucoup pendant les mois hivernaux.

Des études calculent que des problèmes de santé associés à la pollution de l’air tuent plus d’un million d’Indiens chaque année.

La capitale a fréquemment restreint le nombre de voitures sur les routes pour limiter les émissions polluantes, utilisé des canons anti-smog ou fermé les chantiers de construction, mais ces interventions n’ont eu qu’un effet modeste.

Les experts estiment que de telles mesures d’urgence ne sont pas utiles à long terme.

«Ça sert seulement à ne pas empirer la situation, à régler le pire de la crise. Mais ça ne va pas magiquement nettoyer l’air immédiatement», a dit Mme Roychowdhury.