Le tiers des jeunes Canadiens ont été victimes de cruauté en ligne, révèle un rapport

MONTRÉAL — Dans le cadre de la Journée du chandail rose, une initiative populaire qui vise à souligner la lutte contre l’intimidation, le centre canadien d’éducation aux médias numériques HabiloMédias a révélé que près du tiers (32 %) des jeunes Canadiens âgés de 9 à 17 ans ont été victimes de méchanceté et de cruauté en ligne, et que près de la moitié (49 %) en ont été témoins.

Les données du nouveau rapport «La méchanceté et la cruauté en ligne» montrent que les adolescents subissent souvent ces méfaits dans les jeux en ligne (41 %), par texto ou message privé (37 %) ainsi que dans des messages ou des commentaires dans les médias sociaux (26 %). 

Selon le rapport, les jeunes qui vivent ce genre de situation lors de leurs échanges virtuels sont plus susceptibles d’adopter ces comportements par la suite.

«On a remarqué de plus en plus que la différence se faisait entre le fait d’être exposé à du contenu haineux ou cruel et le fait, par la suite, de faire de l’intimidation ou de porter soi-même des messages haineux», indique en entrevue Marc-Alexandre Ladouceur, spécialiste en éducation aux médias chez HabiloMédias.

«Chez les jeunes qui font de l’intimidation, une bonne partie d’entre eux avaient été exposés à du contenu raciste ou sexiste, et ces mots-là s’étaient ensuite introduits dans leur vocabulaire d’intimidation», ajoute-t-il. 

Étonnamment, la plupart des jeunes (64 %) ont affirmé qu’ils réagissent après avoir vu quelqu’un d’autre être victime de cruauté en ligne, mais sont tout de même moins susceptibles de le faire lorsque l’intimidation les vise directement.

Selon M. Ladouceur, il est normal pour un adolescent de se sentir plus «démuni» lorsqu’il est ciblé de façon personnelle par des attaques.

«Ce n’est peut-être pas si surprenant, parce que les jeunes utilisent deux méthodes pour répondre à l’intimidation : entrer en contact avec l’agresseur ou avec la victime, explique le spécialiste. (…) C’est normal, une fois victime, de ne pas vouloir se rendre devant l’agresseur pour lui en parler. C’est différent lorsque l’intervention se fait pour un autre.»

Le contrôle parental ne suffit pas

Aux yeux de Kara Brisson-Boivin, directrice de la recherche pour HabiloMédias, le fait d’«épier» les enfants et les adolescents par différents stratagèmes de contrôle numérique n’est pas suffisant pour assurer leur sécurité en ligne.

Elle soutient que les adultes peuvent obtenir de l’aide pour participer à la vie numérique de leurs enfants en instaurant un encadrement sain et axé sur la prévention et la sensibilisation. 

«Il n’est pas réaliste de suggérer que les jeunes arrêtent tout simplement d’utiliser des appareils ou des plateformes. Nous devons plutôt offrir des ressources qui les aident à interagir tout en faisant preuve d’empathie», a déclaré la directrice par voie de communiqué. 

Les données du rapport suggèrent que les jeunes qui doivent respecter des règles à la maison sur l’utilisation de la technologie sont moins susceptibles d’adopter des comportements cruels en ligne et plus enclins à demander de l’aide face à cette problématique.

Toutefois, lorsque le temps d’écran est plutôt contrôlé par le biais de moyens technologiques, les jeunes se sont montrés plus à risque d’être victimes de méchanceté en ligne, d’en être témoins ou d’adopter ces comportements. 

«La présence et la participation active de la famille dans la gérance de la technologie, notamment le temps d’écran, vont influencer la qualité des informations qu’on va voir ainsi que les recours disponibles si jamais quelque chose se passe. Le jeune sait qu’il peut se tourner vers l’adulte qui l’a accompagné jusqu’à maintenant», souligne Marc-Alexandre Ladouceur.

Le rapport «La méchanceté et la cruauté en ligne» est la plus récente phase de l’étude «Jeunes Canadiens dans un monde branché», qui présente les résultats d’un sondage national mené à l’automne 2021 auprès de plus de 1000 jeunes âgés de 9 à 17 ans.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles. 

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