QUÉBEC — Sur fond de querelle autour de l’éthique, la tension entre les deux camps qui s’affrontent dans la course au leadership du Parti libéral du Québec (PLQ) est montée d’un cran lundi.
Certains députés libéraux ne cachent plus leur agacement devant les façons d’agir de la députée de Saint-Laurent, Marwah Rizqy.
Au sein du caucus libéral, des députés commencent même à craindre que l’animosité palpable entre le camp Anglade et le camp Cusson, auquel s’est associée de près Mme Rizqy, laisse des traces tenaces, au point de miner la cohésion de l’équipe au lendemain du choix du prochain chef le 31 mai.
Lundi, le camp Anglade a demandé à Mme Rizqy de cesser de se lancer dans des attaques personnelles.
Tout a commencé jeudi dernier, quand la députée de Saint-Henri-Sainte-Anne et aspirante à la succession de Philippe Couillard, Dominique Anglade, avait indiqué que les questions éthiques ne faisaient pas partie des enjeux soulevés par les militants qu’elle rencontrait depuis le début de sa campagne. Les membres du parti sont rendus «ailleurs», selon elle.
Dimanche, lors du lancement de la campagne de M. Cusson, piquée au vif par cette déclaration, Marwah Rizqy a laissé entendre que Mme Anglade pratiquait le «déni», en évitant d’aborder de front la question de l’éthique au PLQ. Au contraire, selon la députée de Saint-Laurent, les militants veulent entendre des propositions concrètes des candidats sur cet enjeu, considéré «essentiel».
Lundi, en marge du caucus libéral tenu au Salon rouge du parlement en prévision de la prochaine session parlementaire, les deux coprésidents de la campagne Anglade, les députés Carlos Leitao et Marie Montpetit, de même que Mme Anglade elle-même, ont tenu à corriger le tir devant les médias, pour rappeler à l’ordre leur collègue et lui demander de cesser de faire des «attaques personnelles».
L’ex-ministre des Finances, Carlos Leitao, a eu des mots très durs, estimant que sa collègue était «allée vraiment trop loin» et que ses attaques entachaient «toute la classe politique québécoise».
Il reste encore quatre mois à la campagne électorale au PLQ et si ce climat de tension perdure, il y a fort à parier que les libéraux devront s’affairer à réparer les pots cassés, au lendemain des célébrations entourant le choix du vainqueur, le 31 mai.
«Il ne faut pas être naïf: une course au leadership peut amener des divisions profondes», a reconnu M. Leitao.
«On fait partie de la même équipe. Il faut que le parti soit plus fort au lendemain du 31 mai», a dit espérer Marie Montpetit.
La question de l’unité du caucus, dans le contexte de la course au leadership, était à l’ordre du jour de la rencontre de lundi entre les députés libéraux. Mme Rizqy était présente, mais elle ne s’est pas adressée aux médias.
En mêlée de presse, le chef par intérim, Pierre Arcand, a dit qu’il n’hésiterait pas à intervenir si la situation devenait «hors de contrôle».
«Il faut élever le débat», a commenté de son côté Mme Anglade, demandant à son rival, Alexandre Cusson, «de décider du ton qu’il souhaite donner à la campagne».
Sur le fond de la question, Mme Anglade a tenu à dire que ce serait «tolérance zéro» pour tout manquement à l’éthique au PLQ, si les militants la choisissent pour diriger le parti.
Selon Mme Rizqy et M. Cusson, la question de l’éthique au PLQ doit être un enjeu central de la présente campagne électorale.
Dimanche, se disant préoccupé par la perception négative d’une partie de la population envers le PLQ sur ce plan, M. Cusson avait choisi de lancer sa campagne en s’intéressant uniquement à deux thèmes: un resserrement des règles éthiques en politique et la nationalisation de l’eau.
S’il est élu chef, il s’est engagé à nommer une direction de l’éthique et de la conformité au sein du PLQ, une exigence qu’il étendrait à tous les partis s’il devenait premier ministre en 2022.