PORTSMOUTH, Royaume-Uni — Le récit terrible et tragique de la Seconde Guerre mondiale a été rappelé, mercredi, lors d’une cérémonie à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, là où il y a 75 ans, des milliers de soldats canadiens, américains et britanniques montaient à bord d’une flottille de navires pour le débarquement de Normandie.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain Donald Trump, la reine Elizabeth II, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et d’autres leaders mondiaux, mais aussi une poignée d’anciens combattants — qui ont aujourd’hui plus de 90 ans, comme la monarque britannique — ont assisté à la cérémonie, qui a mis au premier plan le Canada et son rôle dans la libération de l’Europe, alors sous le joug nazi.
Les dirigeants des 16 pays représentés à Portsmouth ont non seulement rendu hommage à ceux qui se sont battus et sont morts pendant cette guerre, mais ils ont également adopté une déclaration pour «faire en sorte que les sacrifices du passé ne soient jamais vains et jamais oubliés».
«Au cours des 75 dernières années, nos nations ont défendu la paix en Europe et dans le monde, la démocratie, la tolérance et l’État de droit. Nous réitérons aujourd’hui notre engagement envers ces valeurs communes parce qu’elles soutiennent la stabilité et la prospérité de nos nations et de nos peuples. Nous travaillerons ensemble en tant qu’alliés et amis pour défendre ces libertés chaque fois qu’elles seront menacées», ont-ils promis.
Un héros canadien
Sous un ciel brumeux et une brise légère venant du port, la cérémonie a retracé le cours de cette guerre, depuis l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en septembre 1939, qui a entraîné dans un conflit mondial la France, le Royaume-Uni et le Canada, entre autres, jusqu’au fameux «jour J» du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944.
Tout au long de cette cérémonie, des acteurs et des dignitaires ont lu des lettres ou des pages de journal personnel écrites par ceux qui ont combattu — et qui y ont parfois laissé leur vie. Des danseurs et des musiciens ont repris des airs du temps, avant d’entonner la musique militaire.
Le premier ministre Trudeau a raconté l’histoire du lieutenant-colonel Cecil Merritt, qui a été décoré de la Croix de Victoria — la plus haute distinction militaire — pour son rôle dans le sauvetage d’innombrables soldats canadiens lors du raid désastreux sur le port français de Dieppe, en août 1942. «Bien que blessé à deux reprises, le lieutenant-colonel Merritt a continué à diriger les opérations de l’unité avec beaucoup de vigueur et de détermination», a rappelé M. Trudeau, citant un article publié dans la «London Gazette» d’octobre 1942.
Plus de 900 Canadiens sont morts à Dieppe et près de 2000 autres ont été capturés, y compris Cecil Merritt. Mais comme on l’a noté mercredi, les leçons tirées de ce raid de Dieppe ont permis aux Alliés de remporter la victoire en Normandie, avant de libérer Paris et de prendre Berlin.
L’invasion de la Normandie par les Alliés a impliqué près de 150 000 soldats — dont 14 000 Canadiens — qui ont fait irruption sur les plages face aux tirs des mitrailleuses allemandes. Avant la fin de la journée, 359 Canadiens avaient été tués et 715 autres blessés ou capturés. La bataille s’est poursuivie pendant deux mois et coûtera finalement la vie à plus de 5000 Canadiens.
Un résistant fusillé à 16 ans
La cérémonie de mercredi a également présenté des témoignages de soldats américains et britanniques, ainsi que des allocutions du président Trump, de la reine Elizabeth et d’Emmanuel Macron. Le président français a lu l’émouvante lettre d’adieu d’un jeune résistant à sa famille, écrite au matin de son exécution, le 26 septembre 1943. Henri Fertet avait 16 ans. «Adieu, la mort m’appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est dur quand même de mourir. Mille baisers. Vive la France.»
Le président Trump, dont la présence à la cérémonie de mercredi a clôturé une visite officielle au Royaume-Uni, a lu un extrait de la «Prière du jour J» de l’un de ses prédécesseurs, Franklin Delano Roosevelt, président des États-Unis pendant la plus grande partie de la Seconde Guerre mondiale.
Le major-général canadien à la retraite Richard Rohmer, qui avait effectué deux missions de surveillance aérienne au-dessus des plages du débarquement le 6 juin 1944, a déclaré mercredi qu’il était important que le Canada soit représenté lors de la cérémonie et que les jeunes Canadiens comprennent l’importance de ce qui s’est passé il y a 75 ans.
«J’espère que vous reconnaîtrez que les personnes âgées comme moi ont apporté une contribution à ce que le Canada est aujourd’hui (…) Nous sommes un pays très différent, mais c’est un bon pays et il vaut la peine de se battre pour lui s’il le faut.»
Ce message était clairement au centre des préoccupations de certains dirigeants tels que la première ministre britannique sortante, Theresa May. Lors d’un entretien avec M. Trudeau après la cérémonie, elle a remercié le Canada en tant qu’allié et ami, pendant la Seconde Guerre mondiale et encore aujourd’hui.
Les leaders poursuivront les commémorations jeudi mais cette fois de l’autre côté de la Manche, en Normandie. Notamment à «Juno Beach», la plage de huit kilomètres, située près de Courseulles-sur-Mer, où les Canadiens ont courageusement débarqué le 6 juin 1944, «jour J».
Le premier ministre Trudeau sera jeudi midi à la cérémonie commémorative nationale canadienne, à Juno Beach; il participera à 18 h à la cérémonie commémorative internationale française, au même endroit.