Les dirigeants autochtones ont rencontré le roi Charles à Londres

LONDRES — Une délégation de dirigeants autochtones du Canada a rencontré jeudi à Londres le roi Charles III, où ils ont discuté de réconciliation et de la nécessité de construire une relation solide à l’avenir.

La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, et la présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron, ont eu une audience jeudi au palais de Buckingham, deux jours avant le couronnement du roi, samedi.

Mme Archibald a déclaré que cette rencontre était l’occasion de «faire évoluer la relation avec la Couronne», qui est antérieure à la naissance de la fédération canadienne. «L’un des problèmes qui nous importent est la relation de nation à nation que nous avons eue et que nous continuons d’avoir», a-t-elle déclaré, ajoutant que la rencontre avec Charles III avait été «très positive».

«C’était aussi une occasion pour nous de nous connecter au roi sur des choses qui comptent pour lui, des choses qui comptent aussi pour nous et sur lesquelles nous pouvons travailler ensemble.»

M. Obed a quant à lui indiqué que les dirigeants avaient pu évoquer les problèmes auxquels sont confrontées leurs communautés et ont invité le roi à se rendre au Canada afin de poursuivre le travail de réconciliation.

À titre de prince de Galles, le roi Charles a souvent parlé de l’importance de la réconciliation avec les Autochtones; c’était d’ailleurs l’une des priorités de sa visite de trois jours au Canada l’an dernier. Dans un discours de clôture à Yellowknife, Charles déclarait qu’il avait été «profondément ému» par les récits des survivants des pensionnats qu’il avait rencontrés et il a reconnu publiquement leurs souffrances.

De nombreux dirigeants autochtones ont exhorté la Couronne britannique à aller plus loin dans la résolution des dommages causés par le passé colonial du Canada, et Mme Archibald fait partie de ceux qui ont déjà demandé des excuses.

Mais les trois dirigeants ont tous déclaré que la rencontre de jeudi visait avant tout à établir une relation positive et que les conversations les plus difficiles viendront plus tard.

M. Obed a déclaré que la relation à l’avenir comprendra à la fois des dossiers plus faciles, tels que des accords pour promouvoir les arts et la culture autochtones, et des questions plus difficiles.

«Les défis autour de l’histoire coloniale et de nombreux problèmes qui y sont associés, je ne pense pas que le roi ait pensé que ça ne serait pas sur la table», a déclaré le leader inuit. «Mais nous devrons certainement procéder du mieux que nous pouvons, à la lumière des limites réelles que nous avons tous, à faire des choses pour nos institutions respectives.»

Une rencontre «plus que symbolique»

Mme Archibald a déclaré que la rencontre de jeudi n’était pas le bon moment pour soulever la question des excuses, mais plutôt une chance de jeter les bases pour l’avenir. Elle a déclaré que les dirigeants espéraient rencontrer à nouveau le roi, à la fois virtuellement et lors d’une éventuelle visite en personne au Canada.

Mme Caron ne croit pas que cette rencontre était simplement symbolique. «Pouvoir s’asseoir en tant que Premières Nations, Métis et Inuits et partager avec lui qui nous sommes et quelles sont nos priorités en tant que peuples, et identifier les façons dont nous pouvons travailler ensemble à l’avenir, c’est vraiment important pour nous», a-t-elle dit.

La cheffe métisse a déclaré que le fait que le roi Charles ait pris du temps pour les rencontrer, deux jours seulement avant son couronnement, était «sincèrement significatif» et augure bien pour les relations futures.

D’autres dirigeants autochtones se sont également rendus à Londres pour le couronnement du roi Charles, dont plusieurs grands chefs du Manitoba.

Le grand chef des Manitoba Keewatinowi Okimakanak, Garrison Settee, et la grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, expliquent qu’ils sont venus à Londres en partie pour rappeler au roi ses liens issus de traités avec les Autochtones du Canada.

«Nous sommes ici pour rappeler au nouveau roi qu’il doit rétablir cette relation qu’il avait avec les peuples autochtones parce que nous n’avons pas signé de traités avec le Canada: nous avons signé des traités avec la Couronne», a déclaré le chef Settee.

Il a déclaré que la relation entre la Couronne et les peuples autochtones remonte à la Proclamation royale de 1763, qui considérait l’association comme une association «de nation à nation». Il déplore toutefois que cette relation ait changé avec le temps, car les Autochtones au Canada ont commencé à être traités comme des «pupilles de l’État» plutôt que comme des partenaires, ce qui a entraîné de la pauvreté, une marginalisation et la rupture des promesses des traités.

«C’est quelque chose que la monarchie doit régler parce que la relation que nous avons eue n’a pas été très bonne», a-t-il déclaré.

M. Settee aimerait que le nouveau roi prenne des mesures concrètes, notamment réfuter la «doctrine de la découverte», qui a été utilisée pour légitimer la saisie de territoires autochtones, et faire une nouvelle proclamation pour compléter celle faite en 1763, qui réaffirmerait la reconnaissance des peuples autochtones comme «nations».

Mme Merrick a déclaré qu’elle aimerait voir la Couronne faire un suivi auprès de ses représentants au Canada pour aider à faire avancer des priorités telles que la restitution des terres, le partage des revenus des ressources naturelles et un nouveau système de citoyenneté autochtone.

Elle pense également que le roi devrait s’excuser «pour la façon dont notre peuple a été traité et pour donner au Canada le pouvoir de traiter la façon dont il a traité notre peuple». Mais elle ajoute que la présence des chefs autochtones à Londres constitue déjà un geste de bonne volonté.

«Aujourd’hui, nous progressons. Nous sommes très heureux de pouvoir être ici pour le célébrer en tant que roi, alors j’espère que cette relation commencera à avancer.»

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