Installer des chaises de jardin dans des entrées pour des fêtes de quartier socialement éloignées. Parler aux voisins depuis les balcons des immeubles. S’installer dans un stationnement pour discuter d’une voiture à l’autre en garant les véhicules à deux mètres les uns des autres.
Les gens trouvent des moyens innovants de continuer à socialiser avec leurs amis et leurs voisins tout en essayant de respecter les mesures physiques de distanciation pendant l’épidémie de COVID-19.
Bien que cela puisse sembler assez inoffensif, certains experts disent que ces échappatoires à la distanciation sociale ne valent probablement pas le risque.
«En tant qu’êtres humains, nous trouverons toujours des moyens de repousser les limites, de comprendre comment nous pouvons contourner les problèmes», a reconnu le microbiologiste Jason Kindrachuk lors d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.
«Mais c’est là que, en ce qui concerne le message public, nous devons continuer à réitérer l’importance de la distanciation sociale, la raison pour laquelle nous le faisons.»
«Et combien de risques sommes-nous prêts à prendre qui pourraient potentiellement entraîner la propagation de ce virus?»
Le nouveau coronavirus est transmis par des gouttelettes respiratoires, qui sont libérées dans l’air lorsque des personnes infectées respirent, parlent, éternuent ou toussent. Les gouttelettes se déplacent généralement sur environ deux mètres avant de toucher le sol, a expliqué M. Kindrachuk.
Cela signifie que garder une distance de sécurité, à au moins deux mètres ou six pieds de quelqu’un d’autre, est l’une des méthodes les plus efficaces dont nous disposons pour arrêter la propagation.
M. Kindrachuk, qui est également professeur adjoint de pathogenèse virale à l’Université du Manitoba à Winnipeg, a déclaré que maintenir une distance de deux mètres tout en essayant de socialiser peut être plus facile à faire dans certains cas — comme parler à un voisin depuis votre terrasse avec une clôture servant de barrière physique.
Cependant, lorsque vous êtes à l’extérieur sans rien entre vous et la personne avec laquelle vous socialisez, la barrière devient beaucoup plus facile à brouiller.
«Si vous êtes dans deux entrées, êtes-vous vraiment à six pieds l’un de l’autre? Allez-vous prendre autant de précautions ou allez-vous commencer à peut-être voir certaines de vos inquiétudes diminuer, parce que vous devenez confortable?», demande M. Kindrachuk. «Si vous êtes dans ce groupe, êtes-vous certain que chaque personne maintient cette distance physique?»
«Parce que nous avons affaire à un virus qui se transmet de manière invisible, n’est-ce pas? Et potentiellement par des personnes qui peuvent ne pas montrer de signes d’infection.»
Le Dr Gerald Evans, médecin et président de la division des maladies infectieuses de l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, croit que certaines échappatoires sociales peuvent être sécuritaires, à condition que la distance soit effectivement maintenue.
Il a ajouté qu’avoir ces activités à l’extérieur, où il y a «un énorme effet de dilution qui disperse les particules de gouttelettes», peut également aider à limiter la propagation du virus.
«À l’intérieur, c’est une autre histoire», a rappelé M. Evans. «Et clairement, si quelqu’un était malade, ce serait une histoire totalement différente aussi.»
M. Evans a noté que des précautions supplémentaires devraient encore être prises en compte lorsque vous essayez de rester à distance tout en socialisant à l’extérieur, comme en veillant à ce que tout objet autour de vous — une chaise, une glacière, un verre — reste également à deux mètres de toute autre personne.
«Ce que vous ne pouvez pas faire, c’est partager quoi que ce soit», a prévenu M. Evans. «Si vous étiez assis sur une chaise de jardin et que vous étiez à environ deux ou trois mètres de votre voisin, l’effet de gouttelettes n’est pas là. Mais si vous tenez un verre à la main avec de la limonade ou de la bière dedans, vous ne voulez certainement pas que cet objet se retrouve près de vos voisins parce que oui, ces objets peuvent également être contaminés par ces gouttelettes.»
Le Dr Isaac Bogoch, expert en maladies infectieuses du University Health Network de Toronto, a déclaré qu’il n’était pas sage d’essayer de trouver une sorte d’échappatoire à la distanciation sociale.
Il a indiqué que les messages de santé publique des autorités fédérales, provinciales et municipales au Canada vont tous dans le même sens et que certaines villes du monde imposent maintenant des amendes à ceux qui ne suivent pas de mesures de distanciation sociale.
«Ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire est très clair», croit M. Bogoch. «Vous pouvez sortir pour faire de l’exercice et aller promener le chien, mais sinon, restez à l’écart. Restez à la maison.»
«Peut-être que (ces comportements) ne sont techniquement pas mal, mais ce n’est certainement pas dans l’esprit de ce que nous devrions faire.»
M. Kindrachuk souligne que même quelque chose comme aller déposer des pâtisseries ou un repas fait maison à la porte d’un ami pourrait être dangereux.
Rester éloigné et limiter le nombre de surfaces touchées par plusieurs personnes est la meilleure approche, a-t-il rappelé.
«Je pense que la communauté médicale et scientifique dans son ensemble souhaite que les gens comprennent et réalisent pourquoi la distance physique est si importante, surtout parce que nous n’avons pas de vaccin», a dit M. Kindrachuk. «Notre seule véritable possibilité de freiner la transmission de ce virus est de réduire sa capacité à se propager d’une personne à une autre.»
«Si nous voulons que cela soit complètement contenu, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher le virus de se transmettre.»