Les émissions dues aux feux de forêt ont atteint un nouveau sommet en 2021

OTTAWA — Les émissions provenant des incendies de forêt ont atteint un niveau record en 2021, notamment en raison des incendies qui ont fait rage dans l’Ouest canadien et en Ontario qui ont produit plus de gaz à effet de serre que le secteur pétrolier et gazier et l’industrie lourde réunis.

Les forêts du Canada jouent un grand rôle dans l’absorption du dioxyde de carbone émis par les activités humaines, comme la combustion de combustibles fossiles. Toutefois, lorsque ces mêmes forêts brûlent, une grande partie de ce carbone emprisonné est rejetée dans l’air.

Ce problème devient de plus en plus prononcé à mesure que les changements climatiques entraînent des sécheresses, des vagues de chaleur et une augmentation du nombre d’orages – un cocktail parfait pour les incendies de forêt.

Avec une empreinte carbone totale estimée à 270 millions de tonnes, soit l’équivalent de 60 millions de voitures, les émissions provenant des feux de forêt étaient la principale source de gaz à effet de serre au Canada en 2021.

Or, ils n’étaient pas inclus lorsque le Canada a calculé ses émissions totales pour l’année, car les feux de forêt ne sont pas considérés comme étant directement causés par l’action humaine.

Responsable des politiques chez Nature Canada, Michael Polanyi rappelle cependant que l’atmosphère ne fait pas de distinction entre les émissions des incendies et celles des combustibles fossiles.

«C’est certainement préoccupant», souligne-t-il.

«Le Canada veut en quelque sorte avoir le beurre et l’argent du beurre : d’une part, on ne calcule pas les émissions des feux, sous prétexte qu’ils ne sont pas causés par l’action humaine, mais de l’autre, on se vante des effets qu’ont les arbres une fois qu’ils ont repoussé.»

La chimiste atmosphérique au Centre national de recherche atmosphérique du Colorado, Rebecca Hornbrook, explique que les émissions causées par les feux de forêt font à bien des égards partie du cycle naturel du carbone. Selon elle, ces émissions ne devraient donc pas être considérées de la même manière que les émissions provenant de la combustion de combustibles fossiles.

Elle reconnaît toutefois que l’augmentation du nombre d’incendies de forêt et leur intensité croissante sont préoccupantes pour un monde en pleine crise climatique.

La pollution de l’air due aux incendies de forêt est une conséquence à surveiller attentivement, soulève-t-elle, rappelant que les incendies majeurs qui sévissent actuellement en Alberta affectent la qualité de l’air non seulement dans cette province, mais même à des milliers de kilomètres de là, dans l’est du Canada et aux États-Unis.

Des incendies plus ravageurs

Selon Mme Hornbrook, les nouvelles pratiques de gestion forestière développées ces dernières années semblent avoir réduit le nombre total d’incendies qui frappent chaque année. Par contre, les changements climatiques font en sorte que les incendies qui se déclenchent sont souvent plus intenses et plus gros.

Dans les années 1990, le Canada comptait en moyenne 8400 incendies par an, qui brûlaient en moyenne 324 hectares chacun.

Dans les années 2000, le nombre moyen d’incendies a baissé, pour atteindre 7300 par an, tout comme la taille moyenne, qui a chuté à 256 hectares.

Mais entre 2010 et 2019, il y a eu plus de 6000 incendies par an, brûlant en moyenne 504 hectares chacun.

Qui plus est, l’augmentation de l’intensité entraîne également davantage d’émissions.

Mme Hornbrook mentionne que les modèles pour calculer les émissions d’un incendie sont basés sur des facteurs tels que la densité d’une forêt, la durée, le type de couverture du sol et le nombre d’hectares brûlés.

En 1990, le Canada a enregistré environ 10 000 incendies. Ils ont brûlé environ 950 000 hectares et produit 30 millions de tonnes de dioxyde de carbone ou son équivalent en méthane et protoxyde d’azote.

En 2021, le Canada a enregistré moins d’incendies, près de 6600, mais ceux-ci ont brûlé 4,3 millions d’hectares et produit plus de cinq fois plus d’émissions. La quantité s’élevait à 270 millions de tonnes de gaz à effet de serre.

La vice-présidente principale de l’Association des produits forestiers du Canada, Kate Lindsay, ajoute que les changements climatiques signifient aussi que les forêts ne mettent pas autant de temps à repousser entre les incendies.

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