SÉOUL, Corée, République de — Les chefs militaires de la Corée du Sud et des États-Unis ont échangé, jeudi, dans le cadre de leur rencontre annuelle au moment où Washington cherche à solidifier son alliance avec Séoul pour faire face à l’influence croissante de la Chine et à la menace nucléaire que représente la Corée du Nord.
À la suite de leurs discussions, les deux États devraient annoncer un renforcement de leur alliance militaire de longue date. On s’attend notamment à ce que le secrétaire américain de la Défense, Lloyd Austin, réaffirme la politique américaine de dissuasion élargie qui s’applique à la Corée du Sud, laquelle Washington s’engage à défendre avec tout son arsenal militaire.
Toutefois, on ne sait pas à quel point Séoul est prête à s’engager à apaiser les tensions historiques qui l’opposent au Japon, un autre allié majeur des États-Unis en Asie. On ne sait pas non plus à quel point la Corée du Sud est prête à s’engager à jouer un rôle plus important en matière de sécurité régionale en dehors de la péninsule coréenne, en raison de l’opposition de la Chine.
«L’alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud est le pivot de la paix et de la sécurité dans cette région et l’on va travailler ensemble alors qu’on se dirige vers (une région indopacifique libre)», a écrit Lloyd Austin sur son fil Twitter à son arrivée en Corée du Sud mercredi.
Plus tôt cette semaine, le Pentagone a publié les résultats d’une révision de la situation géopolitique mondiale, qui nécessite un renforcement de la coopération entre alliés et partenaires pour dissuader «une potentielle intervention militaire chinoise et les menaces de la Corée du Nord».
Ce rapport a également révélé l’approbation de M. Austin de l’établissement permanent d’une division composée d’artilleurs et d’hélicoptères de combat en Corée du Sud.
Pour les officiers militaires sud-coréens, le rapport américain constitue une preuve de la valeur que portent Séoul et Washington à leur alliance.
La rencontre entre le secrétaire Austin et le ministre sud-coréen de la Défense, Suh Wook, est la première depuis le début de la présidence de Joe Biden.
Sous son prédécesseur, l’alliance forgée dans le sang de la guerre de Corée, de 1950 à 1953, a été mise à l’épreuve alors que Donald Trump a menacé de retirer les troupes américaines du sud de la péninsule si Séoul n’augmentait pas drastiquement sa contribution financière. Il s’était aussi plaint du coût des exercices militaires réguliers entre les deux armées.
Au cours des dernières années, les États-Unis et la Corée du Sud ont annulé ou réduit l’ampleur de plusieurs exercices militaires dans le but de faciliter les négociations diplomatiques avec le régime nord-coréen dans le cadre de la dénucléarisation.
En Corée du Nord, les exercices conjoints des États-Unis et de la Corée du Sud sont vus comme des «préparations à une invasion» et le régime réplique en tenant ses propres exercices et tirs d’essais.
Concernant l’influence de la Chine, la Corée du Sud a longtemps été réticente à participer à des initiatives américaines pour nuire à Pékin puisque son économie repose fortement sur l’exportation et que la Chine est son principal marché.
Les différends diplomatiques et économiques entre Séoul et Tokyo, qui remontent à la colonisation japonaise de la péninsule coréenne, font également obstacle à la consolidation d’une véritable alliance tripartite avec les États-Unis.