QUÉBEC — Le maire Régis Labeaume a envoyé lundi les groupes extrémistes «se faire voir ailleurs», au lendemain d’une manifestation qui a tourné au vinaigre à Québec.
En conférence de presse à l’hôtel de ville, le maire a clairement indiqué que les protestataires d’extrême gauche ou d’extrême droite ne sont pas bienvenus dans sa ville, qui était devenue le théâtre de leur confrontation avortée dimanche.
«Allez vous faire voir ailleurs, vous nous coûtez cher, vous portez atteinte à la réputation de la ville», a-t-il dit, en les invitant à aller manifester à Lévis ou Trois-Rivières.
D’une part, il a condamné les casseurs et la bande du militant gauchiste Jaggi Singh, qu’il dit détester, d’autre part, il a dit ne pas faire confiance à La Meute, en raison de ses allures de milice privée et des ambiguïtés dans son discours.
«On avait visiblement la crème des casseurs et des provocateurs. Il faut absolument condamner le comportement tellement crétin de la bande de Jaggi Singh», a lancé le maire, très remonté en ce jour qui marquait son retour de vacances. Et il n’a pas épargné les disciples de La Meute non plus.
«Si on les écoute, ils vont nous faire croire qu’ils font du scoutisme (…), toutefois, un de leurs lieutenants était avec les extrémistes blancs à Charlottesville (aux États-Unis, à une manifestation des suprémacistes blancs). On ne peut pas avoir plus ambigu que ça. Je me méfie énormément parce que quand ces gens-là vont prendre un peu d’enflure et vont décider de sauver la race, ça peut se compliquer.»
Le maire a précisé que le dispositif de sécurité des forces de l’ordre a coûté 75 000 $ à la Ville. Il a salué le travail de ses policiers tout en reconnaissant qu’il y a toujours des choses à améliorer.
M. Labeaume a d’ailleurs indiqué que «ce n’est pas terminé». Tout a été filmé et des arrestations pourraient bien avoir lieu ultérieurement, a-t-il laissé entendre.
Jaggi Singh a décrié par communiqué en soirée «des commentaires incendiaires contre les manifestants antiracistes, ainsi que contre moi personnellement» de la part de M. Labeaume.
M. Singh a notamment soutenu que M. Labeaume, «tout comme Donald Trump, fait des rapprochements entre les militants antiracistes — et les tactiques que nous utilisons — et l’extrême-droite raciste».
«Le maire de Québec outrepasse ses pouvoirs s’il pense qu’il peut décider si moi, ou qui que ce soit, est le bienvenu dans sa ville. (…) Je vais définitivement continuer à visiter la ville de Québec, sur mes propres termes, et je compte participer à nouveau aux manifestations qui vont s’y tenir, et y visiter des amis et des camarades», a-t-il affirmé.
Philippe Couillard
De son côté le premier ministre Philippe Couillard a condamné les violences perpétrées la veille. «Il n’y a pas de tolérance pour ça, quel que soit le côté d’où ça vient», a-t-il dit dans un point de presse au Lac-Saint-Jean.
M. Couillard a appelé à départager le racisme et l’antiracisme, qui ne sont pas deux opinions équivalentes selon lui, car il faut plutôt clairement choisir le camp de l’antiracisme.
Il a aussi expressément pourfendu La Meute, même si ses sympathisants ont manifesté pacifiquement. «Ça ne rend pas plus légitime ce discours-là, ce serait absurde de dire ça», a-t-il conclu.
Rappelons que dimanche, le groupe ultranationaliste xénophobe La Meute a organisé un rassemblement près du parlement à Québec qui a dû être retardé en raison de la présence d’une contre-manifestation. Des casseurs se trouvaient parmi les protestataires gauchistes et la police qui s’interposait a dû dissiper la contre-manifestation. Au final, il y a eu une seule arrestation et quelques blessés.
Quelques centaines de partisans de La Meute ont ensuite pu entreprendre une marche silencieuse, en opposition à l’arrivée de demandeurs d’asile haïtiens en provenance des États-Unis, qualifiés d’«immigration illégale».
Suspendu de La Meute
Parmi eux il y avait justement Shawn Beauvais-MacDonald, ce militant qui a été suspendu de La Meute pour avoir pris part à la manifestation de Charlottesville.
Il a dit à La Presse canadienne être allé marcher avec La Meute «à titre de citoyen consciencieux», même s’il a été suspendu. En outre, il a aussi rendu hommage au travail des forces de l’ordre à Québec.
«Si la police de Charlottesville avait agi comme la police de Québec, Heather Hayes (la militante antifasciste morte renversée par une voiture) serait encore en vie aujourd’hui et les représentants de Unite The Right auraient pu prendre la parole (cette journée-là).»
23 août 2017
Propos incendiaires
À son retour de vacances et loin des médias le maire de Québec Régis Labeaume n’a pas attendu trop longtemps pour faire les manchettes. Dès son retour et au lendemain des manifestations, pour et contre l’immigration illégale, qui ont assiégées la ville il a tiré à boulet rouge sur tout ce qui bougeait.
Au lieu de dénoncer la violence et le débordement extrême il a une fois de plus attaqués des personnes et des causes. Sans aucune preuve il a d’abord traité de crétins de Montréal les briseurs et casseurs qui ont semés la pagaille comme si nous n’avions pas à Québec de ce genre de manifestants. Par la suite il a spécifié clairement aux manifestants d’aller manifester et casser à Trois Rivière voir même à Lévis. Est-ce une revanche contre ces deux maires qui l’ont affronté dans deux dossiers dont le SRB pour l’un et le dossier des régimes de retraite pour Yves l’autre.
Hors de contrôle et loin d’arrêter là il a associé le port des cagoules des manifestants au port du niqab ou burqa et a crié haut et fort que c’est du pareil au même pour lui.
Il me semble que l’on s’attend plus d’un maire d’une ville qui se veut une capitale nationale qui doit rayonner partout dans le monde.