Les services pour la douleur chronique: une «leçon à tirer» de la première vague

Une association de patients atteints de douleur chronique demande au nouveau ministre de la Santé de s’engager à maintenir leurs services en vue d’une éventuelle résurgence de la COVID-19.

Tandis que la province se déconfine, elle rappelle que la douleur, elle, ne peut pas être mise sur pause aussi facilement.

Selon Céline Charbonneau, présidente de l’Association québécoise de la douleur chronique (AQDC), il s’agit d’une des leçons à tirer de la première vague, qui a vu l’accès aux cliniques de douleur et de réadaptation être grandement limité à un moment où les besoins se faisaient pourtant criants.

L’isolement, l’angoisse entourant la crise et la crainte de se fragiliser davantage en contractant le virus ont exacerbé la tourmente des souffrants chroniques.

«Vivre avec la douleur chronique, c’est déjà vivre avec l’incertitude, relève Céline Charbonneau. Et souvent, moins on est actif, plus la douleur prend de la place.»

L’association dit avoir pu constater cette détresse de première main par le biais de sa ligne d’écoute, où la durée des appels s’est décuplée depuis le début de la pandémie, passant généralement de quelques minutes à plus d’une heure.

Une étude pancanadienne a d’ailleurs été lancée par le Centre de recherche du CHUM pour observer comment la qualité de vie des personnes souffrant de douleur chronique a été affectée par la crise du nouveau coronavirus et formuler des recommandations en ce sens à l’automne.

Au Québec, on dénombrerait environ 1,7 million de personnes vivant avec une douleur persistante qui ne s’est pas dissipée après la guérison du problème de santé initialement à sa source. «Ça devient une autre maladie, explique Mme Charbonneau. Ça envahit tout le reste de la vie.»

Or, pendant que les ressources du réseau de la santé se sont concentrées sur la réponse à la pandémie, les souffrants chroniques sont en bonne partie tombés entre les mailles du filet, déplore-t-elle, avec une interruption de différentes facettes de leurs traitements.

Un suivi médical par téléphone ne permet pas de réaliser des injections contre la douleur, illustre-t-elle, tandis que la tourmente des trois derniers mois a fait évoluer la condition de bien des patients, qui nécessiteraient divers ajustements.

L’AQDC demande donc au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, d’émettre des directives et un message public à l’attention des souffrants chroniques pour les assurer qu’ils ne seront pas oubliés lors d’une éventuelle deuxième vague.