«Il n’y a pas de menace de grève qui pèse sur le Québec présentement», ont martelé mardi quatre grandes centrales syndicales qui représentent les employés du secteur public — sans toutefois écarter la possibilité d’un débrayage si rien ne bouge dans les négociations d’ici l’automne prochain.
Les dirigeants syndicaux de la CSN, la CSQ, la FTQ et la CSD ont rencontré pendant plus de 90 minutes le premier ministre François Legault et son ministre du Travail Jean Boulet à Québec mardi après-midi pour leur discussion annuelle en marge de la Journée internationale des travailleurs, qui a eu lieu lundi.
Les conventions collectives des 600 000 employés de l’État sont arrivées à échéance le 31 mars, mais même si aucune entente n’a été trouvée avec le gouvernement un mois plus tard, les syndicats ne sont pas encore dans un esprit de grève.
Ils souhaitent plutôt poursuivre des négociations de bonne foi avec le gouvernement, et sont même prêts à mettre tout en œuvre pour avoir des ententes conclues d’ici juin, comme le souhaite le premier ministre.
Cependant, pour y arriver, ils espèrent voir «des signaux» de la part de Québec dans les prochaines semaines, rappelant que même si rien n’est envisagé pour l’instant, une grève fait toujours partie des outils à la disposition des syndicats si les discussions achoppent.
«On n’est pas en tournée de mandat de grève, loin de là. On est en discussion et on se questionne à savoir si à l’automne nous aurons besoin d’aller plus loin», a expliqué le président de la CSQ, Éric Gingras, en mêlée de presse après la rencontre.
«Donc, pour l’instant, place à la négociation. Après ça, à l’automne, on ira voir notre monde, puis on regardera où est-ce qu’on est rendu à ce moment-là», a-t-il précisé.
La présidente de la FTQ, Magali Picard, a abondé dans le même sens: «Lorsqu’on négocie un contrat de travail, advenant le cas où il n’y a pas d’entente à la fin, on va voir nos membres et on soumet ce qu’on a sur la table.
«Notre objectif est d’avoir un contrat négocié avec le gouvernement», a-t-elle assuré, notant tout de même que de nombreux travailleurs du secteur public, notamment en santé et en éducation, sont «épuisés».
«Donc par respect pour tout ce monde-là, on va s’assurer de rester à la table tant et aussi longtemps qu’on sera capable d’avoir des avancées», a-t-elle souligné.
Perte d’attractivité
La rencontre de mardi entre M. Legault et les centrales syndicales n’était pas une rencontre de négociation — comme on l’a rappelé de part et d’autre. En mêlée de presse, les dirigeants syndicaux ont tout de même réitéré qu’ils s’attendent à un rattrapage salarial pour plusieurs catégories d’emplois dans les nouvelles conventions collectives.
Selon la présidente de la CSN, Caroline Senneville, le secteur public n’est «plus du tout du tout attractif».
«(Les gens) le voient quand ils accompagnent leurs parents dans le système de santé et de services sociaux, ils le voient quand ils accompagnent leurs enfants. On est à un point où il faut donner un coup de barre pour les services publics», a-t-elle tranché.
De son côté, le ministre Boulet n’a pas voulu s’avancer sur la position précise du gouvernement dans les négociations, mais il a salué «l’ouverture à chercher des solutions des deux côtés».
«Moi, je ne pense pas à la grève — on n’est pas dans une dynamique de cette nature-là. Il faut continuer à dialoguer, négocier de manière raisonnée et trouver les meilleures solutions pour le bénéfice des Québécois et des Québécoises», à son avis.
Québec a jusqu’ici offert des augmentations salariales de 9 % sur cinq ans, plus un montant forfaitaire de 1000 $ et une somme équivalant à 2,5 % réservée à des «priorités gouvernementales». Québec affirme donc présenter une offre allant jusqu’à 13 % sur cinq ans.
Le front commun réclame de son côté 100 $ par semaine d’augmentation ou l’indice des prix à la consommation (IPC) plus 2 % pour la première année des contrats de travail, selon la formule la plus avantageuse pour les travailleurs, puis l’IPC plus 3 % pour la deuxième année et l’IPC plus 4 % pour la troisième.
— Avec des informations de Patrice Bergeron