Les villes et municipalités réclament une aide urgente du gouvernement fédéral

Deux organisations canadiennes ont imploré le gouvernement fédéral à verser une aide de plusieurs milliards de dollars aux villes et municipalités du pays, et ce aussi rapidement que possible.

Dans un communiqué de presse, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) a estimé que, globalement, le déficit des municipalités atteindra au minimum de 10 à 15 milliards de dollars à court terme, en raison des pertes financières provoquées par la COVID-19, jugées irrécupérables.

Ce chiffre, précise la FCM, englobe les pertes en impôts fonciers, en factures de services publics et en frais d’utilisateur. Il inclut aussi les pertes liées aux droits de passage pour les villes ayant un réseau de transport collectif, qui sont à elles seules estimées à 400 millions de dollars par mois, note l’organisation.

Parallèlement à la sortie de la FCM, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a demandé au gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces afin d’offrir un appui financier direct et immédiat aux municipalités.

Interrogé au sujet de la demande d’aide financière, le premier ministre Justin Trudeau a d’abord fait remarquer que les municipalités sont constitutionnellement gouvernées par les provinces. Il a cependant ajouté que son gouvernement allait travailler avec les provinces et «directement avec les municipalités» sur les questions problématiques.

Selon le SCFP, les municipalités partout au pays veillent à ce que les services publics essentiels soient offerts malgré la pandémie de la COVID-19. Toutefois, ajoute l’instance syndicale, elles font face à des défis fiscaux majeurs, qui compromettent leur capacité de continuer à fournir ces services.

«Nous savons à quel point ces services sont importants pour aider nos communautés à traverser cette période de pandémie», a déclaré le président national du SCFP, Mark Hancock.

«Les Canadiens comptent sur leurs gouvernements municipaux afin d’assurer la salubrité et la propreté de l’eau potable, le fonctionnement des transports en commun afin que nos employés de la santé puissent se rendre au travail, les déplacements des secouristes, et bien plus encore. Nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser tomber. Ils ont besoin d’un soutien financier direct, et ils en ont besoin dès maintenant.»

«Les Canadiens ne peuvent pas se passer de ces services, mais les municipalités peinent à les maintenir. Les municipalités ne devraient pas avoir à se débrouiller seules. Elles ont besoin du soutien financier des gouvernements fédéral et provinciaux immédiatement», a ajouté le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury.

Pour éviter un gouffre financier, la FCM demande de fournir des fonds de fonctionnement d’urgence d’au moins 10 milliards de dollars. De ce montant, au moins 7,6 milliards de dollars devraient être versés en affectations directes aux municipalités, tandis que 2,4 milliards de dollars seraient versés en plus aux municipalités qui exploitent des réseaux de transport collectif, suggère la FCM.

De plus, le transfert de base devrait être bonifié pour les municipalités confrontées à la tâche énorme d’assurer l’isolement et le bien-être des populations vulnérables.

«Ces fonds d’urgence pour les municipalités doivent être la prochaine mesure pour soutenir les Canadiens durant cette pandémie», a déclaré Bill Karsten, président de la FCM.

Cela fait plusieurs semaines que les représentants municipaux ont fait état d’un besoin d’aide financière, dans un contexte de pertes de revenus de plus en plus importantes. On craint que la situation s’aggrave si les places d’affaires actuellement fermées ne sont pas en mesure de rouvrir une fois que les restrictions sanitaires auront été lentement levées.

Des leaders locaux font valoir que le soutien provincial pourrait se révéler plus difficile à obtenir. Des prévisions de Services économiques TD, jeudi, laissent croire que les contractions du produit intérieur brut et les taux de chômage seront plus importants dans les régions productrices de pétrole. L’Alberta serait touchée plus que les autres.

Par ailleurs, les provinces de plus petite taille «verront d’importantes contractions» mais réagiront un peu mieux que le Québec et l’Ontario, note le rapport.

En guise de réponse à la pandémie, le gouvernement fédéral a donné de l’argent aux provinces pour couvrir les coûts de soins de santé, et une aide ciblée au secteur pétrolier. La Banque du Canada a également annoncé la création d’un programme d’achat d’obligations provinciales de 50 milliards $ pour aider à offrir un financement à faible coût.