L’«étoile de Noël» pourrait être visible lundi soir, si le ciel est assez dégagé

EDMONTON — Un événement astronomique rare rend encore plus inhabituelle une saison des Fêtes déjà unique: celle que l’on surnomme «l’étoile de Noël» devrait apparaître lundi soir, au-dessus du Canada, plus brillante que jamais depuis près de… huit siècles.

En fait, il ne s’agit pas du tout d’une étoile, mais plutôt de la convergence de Jupiter et de Saturne. Sauf qu’à cause de leur proximité cette fois-ci, les deux grosses planètes de notre système solaire apparaîtront, à l’oeil nu, comme une seule et unique «étoile brillante».

On n’avait pas vu une telle convergence de Jupiter et de Saturne depuis le 17e siècle, mais à cette époque, le phénomène n’avait pas été visible la nuit. La dernière fois qu’on l’a vraiment vu à l’oeil nu, c’était… le 4 mars 1226.

Au cours des dernières semaines, les deux planètes se sont rapprochées de plus en plus dans le ciel nocturne; elles seront à leur plus près lundi, 21 décembre, au-dessus de l’horizon sud-ouest, peu après le coucher du soleil. Il faudra regarder vers le sud, entre l’endroit où la lune est visible et où le soleil viendra juste de disparaître. La «grande convergence» ne durera qu’environ une heure, puis «l’étoile de Noël» suivra le soleil et ira se coucher à l’ouest.

Il est par contre possible que cette «grande conjonction» ne soit pas visible, à cause d’une météo récalcitrante. Des nuages, de fortes chutes de neige ou de la pluie sont au programme pour de nombreuses villes canadiennes. Les planètes seront toujours visibles mardi soir, mais d’ici là, elles auront commencé à se séparer et l’«étoile de Noël» aura perdu de sa rare brillance.

L’«étoile de Bethléem»?

Pour les chrétiens, ce phénomène prend une signification toute particulière. Chaque année, à cette époque, Stephen Jeans, qui enseigne les sciences de la Terre et de l’espace à l’Université Ambrose, une institution chrétienne de Calgary, donne une conférence, «L’Étoile de Bethléem», pour une association canadienne de scientifiques chrétiens. La conférence, qui n’a pas lieu cette année en raison de la COVID-19, se concentre sur l’étoile que les trois rois mages auraient suivie jusqu’à Bethléem, et sur l’événement astronomique qui pourrait expliquer ce récit du Nouveau Testament.

Certains croient que les rois mages auraient suivi à l’époque une comète, mais le professeur Jeans rappelle que ce phénomène astronomique était généralement associé à de mauvais présages. Selon lui, il s’agissait peut-être d’une conjonction de planètes similaire à ce qu’on pourrait voir cette semaine.

Brian Martin, professeur émérite à l’université King, une institution chrétienne d’Edmonton, note qu’en l’an 2 avant notre ère, il y a eu une conjonction entre Jupiter et Regulus, l’étoile la plus brillante de la constellation du Lion, que les rois mages auraient pu suivre.

Jupiter, «roi des dieux» romains, était aussi le dieu du ciel et du tonnerre, tandis que le lion est considéré comme le «roi des animaux».

«Ça aurait attiré l’attention d’un astrologue de voir le roi des dieux tourner autour de l' »étoile du roi », Regulus, dans la constellation du Lion», a déclaré le professeur Martin. «C’est assez intéressant que cette merveilleuse conjonction arrive en ce moment, dans l’un des Noël les plus sombres que nous ayons connus, alors que juste avant la naissance du Christ, il y avait cette étonnante conjonction de trois rois, qui s’inclinaient en quelque sorte l’un devant l’autre.»