L’horloge biologique aurait un impact sur la guérison

MONTRÉAL — Il serait préférable de prendre des anti-inflammatoires le matin ou le midi après une chirurgie au genou, à l’épaule ou à la hanche, préviennent des chercheurs de l’Université McGill, et d’éviter de les prendre le soir.

Il semblerait en effet que les anti-inflammatoires pris le matin ou le midi freinent l’activité de certaines cellules qui nuisent à la guérison. En revanche, des anti-inflammatoires pris le soir interféreraient avec des cellules qui, elles, favorisent la guérison.

Écrivant dans la revue Scientific Reports, le chercheur Faleh Tamimi Marino et ses collègues attribuent cette différence à l’horloge biologique qui régit le fonctionnement de l’organisme: quand il est question de guérison osseuse, la phase «destructrice» de l’inflammation survient le jour, d’où l’importance de la freiner, tandis que la phase «constructive» se déroule la nuit.

«Prendre les anti-inflammatoires tôt pendant la journée était plus bénéfique que les prendre tard en soirée», a résumé le professeur Tamimi lors d’une conversation téléphonique.

Les médecins savent depuis longtemps que la prise d’anti-inflammatoires peut retarder la guérison. Des compagnies pharmaceutiques cherchaient donc à développer des versions qui pourraient atténuer les méfaits de l’inflammation, sans pour autant en bloquer les bienfaits.

Le professeur Tamimi et son équipe se sont plutôt demandé s’ils ne pourraient pas exploiter les fluctuations de l’horloge biologique à cette fin.

«L’activité de l’inflammation suit l’horloge biologique, a-t-il dit. Certaines activités sont plus intenses le matin et certaines activités sont plus intenses la nuit. L’enflure et la douleur sont souvent plus intenses le matin, avant de diminuer un peu pendant la journée, et la guérison qui est engendrée par l’inflammation est plus active la nuit.»

Les chercheurs ont comparé la guérison et la douleur chez deux groupes de souris souffrant d’une fracture au tibia, un groupe qui a reçu des anti-inflammatoires seulement en début de journée et un groupe qui en a reçu 24 heures par jour.

«Lorsque nous n’avons pas donné d’anti-inflammatoires aux souris le soir, mais uniquement le matin, la guérison a été accélérée par un facteur de trois, a révélé le professeur Tamimi. Le groupe qui prenait des anti-inflammatoires le soir a mis environ quatre semaines à se remettre complètement, et l’autre groupe environ une semaine.»

Et même si les travaux du professeur Tamimi n’ont pas vérifié cette hypothèse, il croit que la prise d’anti-inflammatoires en début de journée pourrait être bénéfique à tout processus de guérison, et non seulement celui des os.