NEW DELHI — Le premier ministre indien, Narendra Modi, a déclaré que le rôle du pays en tant qu’hôte du G20, cette année, se concentrerait sur la mise en évidence des préoccupations des pays en développement. Il a aussi proposé à l’Union africaine de devenir membre permanent du forum.
«Nous avons une vision d’inclusion, et avec cette vision, nous avons invité l’Union africaine à devenir membre permanent du G20», a affirmé M. Modi, dimanche, lors d’un discours prononcé à New Delhi, à l’occasion du sommet Business 20 (B20).
Le B20 est un événement de l’industrie privé et se déroule dans le cadre du sommet du G20, qui se tiendra dans la capitale indienne le mois prochain.
Pendant trois jours, des dirigeants industriels et politiques du monde entier ont discuté de thèmes tels que la création de chaînes d’approvisionnement résilientes, la transformation numérique, le surendettement auquel sont confrontés les pays en développement, et la manière de progresser dans la réalisation des objectifs en matière de changements climatiques. Leurs recommandations seront partagées avec les gouvernements du G20, ont indiqué les organisateurs.
En tant qu’hôte du G20 cette année, l’Inde a eu du mal à aplanir les divergences entre les pays membres sur la guerre en Ukraine. Aucune des nombreuses réunions tenues dans le pays n’a réussi à produire un communiqué, ce qui soulève des questions quant à savoir si la réunion des dirigeants du mois prochain permettra de sortir de l’impasse.
L’Inde a plutôt constamment appelé le groupe divisé à parvenir à un consensus sur les questions qui affectent de manière disproportionnée les pays en développement, qu’on appelle aussi le «Sud global». Ces enjeux incluent des niveaux d’endettement insoutenables, l’inflation et la menace des changements climatiques, laissant de côté la division entre l’est et l’ouest du globe au sujet de l’Ukraine.
Un élément clé de cette stratégie consiste à intégrer l’Union africaine dans le giron du G20, estiment les analystes.
«Lorsque l’Inde a assumé la présidence du G20 en décembre dernier, nous étions parfaitement conscients que la plupart des pays du Sud global ne seraient pas à la table lorsque nous nous rencontrerions, a évoqué le ministre des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar. Cela était très important, car les problèmes vraiment urgents sont ceux auxquels ils sont confrontés. Et l’Inde, qui fait elle-même partie intégrante du Sud global, ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser cela se produire.»
Il a déclaré que le G20 avait jusqu’à présent délibéré sur l’augmentation de la dette, le développement durable, l’action climatique et la sécurité alimentaire, entre autres, des questions qui affectent les pays à faibles revenus ou intermédiaires. « Le mandat principal du G20 est de promouvoir la croissance économique et le développement. Cela ne peut pas avancer si les préoccupations cruciales des pays du Sud global ne sont pas prises en compte», a ajouté M. Jaishankar.
La conférence de trois jours à New Delhi a également réuni des ministres et des décideurs politiques d’autres pays du G20, dont le Royaume-Uni et le rival régional de l’Inde, la Chine.
Vendredi, le vice-ministre chinois du Commerce, Wang Shouwen, a affirmé que les échanges commerciaux entre les deux pays voisins, dont les relations ont été tendues après des affrontements frontaliers meurtriers en 2020, se développaient rapidement. Il a ajouté que l’Inde était la bienvenue pour rejoindre le Partenariat économique régional global, un bloc commercial asiatique centré sur la Chine formé l’année dernière.
Piyush Goyal, le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, a indiqué que l’adhésion au bloc aurait accru les échanges commerciaux entre les deux géants asiatiques, mais aurait également accru le déficit commercial.
«Nous n’arrivons tout simplement pas à comprendre le type de prix, le type de coût auquel vous fournissez des biens. C’est une question que je pense que tous les ministres aimeraient savoir. Comment pouvez-vous fournir des biens à un prix inférieur au coût des matières premières?», a-t-il questionné.
Le déficit commercial de l’Inde avec la Chine est le plus élevé de tous les pays. Il s’élevait à 101,28 milliards $ en 2022, selon des données officielles.