Lionel Desmond a-t-il été victime de racisme systémique dans le réseau de la santé?

HALIFAX — Le ministère de la Santé de la Nouvelle-Écosse devrait envisager d’ordonner un examen indépendant de la façon dont il traite les personnes noires, a estimé mardi un responsable du gouvernement lors d’une enquête publique.

Wayne Hamilton, directeur des Affaires afro-néo-écossaises au gouvernement, a fait cette suggestion mardi lors de son témoignage à l’enquête visant à déterminer pourquoi, au début de 2017, l’ex-soldat Lionel Desmond, un Afro-Néo-Écossais, avait assassiné trois membres de sa famille avant de s’enlever la vie. 

«Ce serait peut-être le moment, ce serait bénéfique», car le ministère de la Santé prend du retard lorsqu’il s’agit de servir les groupes racialisés, a déclaré M. Hamilton. «Ça demande beaucoup de courage, peut-être qu’ils n’aimeront pas ce qu’ils vont découvrir.»

Selon lui, le ministère de la Santé devrait suivre les approches adoptées par le ministère de l’Éducation et par le Collège des médecins et chirurgiens de la Nouvelle-Écosse, qui ont tous deux commencé à examiner la façon dont ils servent les personnes afrodescendantes.

L’enquête provinciale a appris lundi que M. Desmond, qui souffrait de trouble de stress post-traumatique et de dépression, avait été confronté à du racisme systémique lorsqu’il a contacté des professionnels de la santé, alors que sa santé mentale déclinait à la fin de 2016.

Le 3 janvier 2017, il a assassiné sa femme, Shanna, leur fille de 10 ans, Aaliyah, et sa mère, Brenda, chez eux à Upper Big Tracadie.

Biais d’angle mort

Robert Wright, sociologue spécialisé en santé mentale, traumatismes et compétences culturelles, avait déclaré lundi à l’enquête que les témoignages précédents de professionnels de la santé n’avaient pas rendu compte de l’impact du racisme systémique, qui peut souvent être subtil et involontaire.

M. Wright a expliqué que les cliniciens rencontrés par Lionel Desmond n’étaient pas intrinsèquement racistes. Mais leur milieu de travail, les écoles qu’ils avaient fréquentées et le développement professionnel auquel ils étaient exposés «les laissaient dépourvus» quand venait le temps de déceler et comprendre le racisme systémique.

En décembre 2009, un rapport sur l’efficacité des programmes et des soutiens éducatifs pour les élèves afro-néo-écossais avait été présenté au ministère de l’Éducation. Près de cinq ans plus tard, le ministère a lancé un examen interne pour renforcer les services aux élèves afro-néo-écossais. Le ministère s’est notamment engagé à examiner les rôles, les responsabilités et la gouvernance des organisations afin de déterminer quels services pouvaient être améliorés.

Quant aux médecins et chirurgiens de la province, leur organisme professionnel a demandé en juin à l’ancien ombudsman provincial Douglas Ruck de présider une commission indépendante de cinq personnes qui identifiera les exemples de racisme visant les Noirs dans les politiques et procédures du Collège. La commission examinera également les façons d’améliorer les compétences culturelles, l’équité, la diversité et l’inclusion. 

M. Ruck a également été invité à effectuer des travaux similaires pour le Barreau de la Nouvelle-Écosse.