TORONTO — L’organisme indépendant chargé de surveiller la situation financière en Ontario prévoit que la province sera confrontée à une pénurie de 33 000 infirmières et préposés aux services de soutien d’ici cinq ans.
Dans un rapport spécial sur le secteur de la santé, publié mercredi, le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario a expliqué que la province se retrouvera avec un manque à gagner de 21 milliards $ pour assurer le maintien de ses programmes existants du secteur de la santé et la mise en œuvre des engagements déjà annoncés d’ici l’exercice 2027-2028.
Le système de santé de la province a été mis à rude épreuve ces dernières années, notamment en raison d’une pénurie de main-d’œuvre qui a mené à la fermeture de salles d’urgence et à l’allongement de la liste d’attente pour les chirurgies.
«La province s’est engagée à faire des investissements importants ayant pour objectif d’augmenter la capacité des hôpitaux, des services de soins à domicile et des services de soins de longue durée. Cependant, ces augmentations de la capacité seront plus que compensées par les augmentations de la demande pour ces services de la part d’une population ontarienne à la fois en pleine croissance et vieillissante», a souligné le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario, Peter Weltman, dans le rapport.
«En parallèle de cette croissance (de la demande), d’ici 2027-2028, l’Ontario aura moins de capacité dans les hôpitaux, une capacité similaire dans les services de soins à domicile et moins de capacité dans les services de soins de longue durée qu’en 2019-2020.»
L’Ontario pourrait toutefois renverser la tendance si le gouvernement augmente le financement prévu pour la santé dans ses prochains budgets, a précisé le Bureau de la responsabilité financière.
«Une alternative serait pour la province de réduire ou de modifier ses engagements d’élargissement des programmes afin d’atteindre les objectifs de son plan de dépenses du secteur de la santé», a-t-on ajouté.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a pris acte du rapport, soulignant qu’il s’agissait d’une «photo dans le temps».
«On donne tout ce qu’on a en réserve pour les soins de santé», s’est-il défendu.
Une porte-parole de la ministre de la Santé de la province, Sylvia Jones, a rappelé que le gouvernement investit déjà massivement dans les soins de santé.
Hannah Jensen a souligné que le temps d’attente pour certaines chirurgies a déjà été passablement réduit et que le gouvernement Ford a recruté un nombre «record» de nouvelles infirmières en 2022.
Elle a aussi noté que les négociations avec Ottawa sur l’augmentation des transferts en santé permettront d’embaucher plus d’infirmières et d’assigner plus de personnes à un médecin de famille.
Réforme en profondeur
L’Ontario est au milieu d’un plan ambitieux visant à réformer les soins de santé et à alléger la pression dans le réseau.
Les pénuries d’infirmières ont entraîné la fermeture temporaire de certains services d’urgence pendant des jours, voire des semaines, l’année dernière. Les hôpitaux pédiatriques ont aussi été débordés, à l’automne, alors qu’ils traitaient des milliers d’enfants extrêmement malades dans les unités de soins intensifs et les salles d’urgence.
Près de 12 000 enfants attendent d’être opérés et plus de la moitié d’entre eux ont attendu au-delà du délai cliniquement recommandé.
Ils font partie des quelque 200 000 Ontariens qui sont sur une liste d’attente pour une chirurgie.
Dans le cadre de ses efforts de réforme, la province a déposé un projet de loi qui verra plus de chirurgies de la cataracte effectuées dans des cliniques privées. Elle va également mettre en place un nouveau système pour les procédures de remplacement de la hanche et du genou qui seront effectuées dans des cliniques privées.
