OTTAWA — Les premiers tests de dépistage rapides tant attendus ont été envoyés en Ontario, et ce, même si le Québec a davantage de cas déclarés.
Vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué que le Canada avait reçu des «centaines de milliers» de tests rapides de la pharmaceutique Abbott qui sont en cours de distribution à l’échelle du pays. Deux camions transportant des tests sont déjà arrivés en Ontario, a-t-il dit.
Dr Howard Njoo, sous-administrateur de l’Agence de la santé publique du Canada, n’a pas été en mesure d’expliquer pourquoi la province avait obtenu des tests en priorité.
«Avec ce qui se passe sur le terrain, en Ontario, on a décidé d’envoyer la première livraison des tests rapides en Ontario. Mais c’est sûr qu’avec les autres livraisons, il y aura (…) assez de tests rapides pour toutes les provinces et territoires», a-t-il dit en conférence de presse.
La nouvelle a fait réagir à l’Assemblée nationale. La députée Marwah Rizqy, du Parti libéral du Québec, a dit ne pas comprendre pourquoi l’Ontario avait mis la main sur ces tests alors que le Québec en a grandement besoin à son avis dans ses écoles et son réseau de la santé.
«C’est nous qui devrions les avoir en priorité. Alors, oui, je suis en beau fusil parce que, non, je ne comprends pas, ici, la logique d’avoir envoyé l’entièreté des tests en Ontario», s’est-elle indignée lors d’une séance d’interpellation au Salon bleu, vendredi matin.
Du côté d’Ottawa, on affirme que la distribution fort attendue de ces tests rapides se déroule en temps réel et qu’il est difficile de prévoir quand les Canadiens pourront commencer à les utiliser.
«On n’est pas exactement au courant des détails logistiques», a fini par laisser tomber Dr Njoo.
Le Canada a signé un accord à la fin du mois de septembre avec Abbott pour acheter 7,9 millions de tests «ID Now», qui peuvent fournir des résultats en moins de 15 minutes, à l’endroit même où la personne est testée. Santé Canada a indiqué que 376 680 tests seront livrés ce mois-ci.
«Pour tout le mois d’octobre, la livraison de tests « ID NOW » d’Abbott au gouvernement fédéral devrait être reçue au plus tard lundi et sera répartie entre les provinces et les territoires dans les jours suivant la réception, y compris au Québec», a expliqué Natalie Mohamed, porte-parole de Santé Canada dans un courriel envoyé vendredi en fin de journée.
Selon la formule négociée avec les provinces et les territoires pour le mois d’octobre, Ottawa va conserver 20 % des tests rapides en réserve pour les urgences et les éclosions au pays et les 80 % qui restent seront distribués au prorata de la population canadienne. Le gouvernement du Québec devrait donc recevoir quelque 62 900 tests rapides dans les prochains jours.
La formule pourrait être ajustée, au besoin, en novembre et au cours des mois suivants, a indiqué Santé Canada.
Québec n’a pas encore décidé qui aura droit à ces tests rapides en priorité. «Le ministère de la Santé a mis en place un comité d’experts afin de déterminer la façon et les lieux où seront utilisés et déployés ces tests. Nous communiquerons les avancées dès que possible», a écrit Marjaurie Côté-Boileau, attachée de presse du ministre de la Santé du Québec, dans un courriel.
Un premier vaccin canadien et québécois?
Le gouvernement fédéral espère qu’une première entreprise canadienne puisse développer un vaccin contre la COVID-19.
Il investira jusqu’à 173 millions $ dans l’entreprise Medicago, de Québec, pour qu’elle puisse développer son potentiel vaccin et mettre sur pied une installation de production à Québec. Il réserve par le fait même 76 millions de doses au cas où les tests s’avèreraient concluants.
«On est très fiers que la première compagnie canadienne qui puisse développer un vaccin contre la COVID-19 soit dans la grande région de Québec», s’est réjoui le président du Conseil du Trésor Jean-Yves Duclos, qui représente la circonscription de Québec.
Le gouvernement fédéral va également consacrer plus de 41 millions $ pour d’autres candidats-vaccins au pays. De cette somme, 18,2 millions $ iront à l’entreprise Precision NanoSystems, de Vancouver.
Le Canada a déjà signé six ententes de principe avec plusieurs fabricants à l’international pour l’élaboration d’un futur vaccin. Jusqu’à maintenant, trois d’entre eux — ceux d’AstraZeneca, de Moderna et de Pfizer — sont au stade de demande d’autorisation par Santé Canada.
M. Trudeau est resté prudent lorsqu’il a été questionné sur la possibilité qu’un de ces vaccins soit distribué avant la fin de l’année 2020, comme l’a laissé entendre le président américain Donald Trump lors d’un débat présidentiel la veille.
«Nous espérons certainement tous qu’un vaccin arrivera bientôt. (…) Mais je ne pense pas que les gens devraient s’attendre à ce qu’on ait un vaccin prêt à être distribué bien avant la fin de l’année, (peut-être) même pas avant le début de 2021», a affirmé le premier ministre.
En anglais, M. Trudeau a précisé qu’il serait «raisonnable» de croire que des doses soient disponibles dans les environs du Jour de l’An, mais en plus petit nombre et elles seront distribuées à certains groupes en priorité.
«Je pense aux plus vulnérables ou aux travailleurs de première ligne. Nous avons des experts occupés à évaluer exactement comment, où et de quelle manière distribuer ces vaccins. Nous allons bien sûr travailler de près avec les provinces et les territoires», a-t-il dit.