L’Ordre des infirmières annonce qu’il adoptera un nouvel examen

MONTRÉAL — L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a réagi, jeudi, aux sévères critiques formulées au sujet de son examen donnant accès à la profession. Il rejette les allégations selon lesquelles il aurait fait échouer injustement 500 candidates, mais semble donner raison aux critiques en adoptant un nouvel examen à compter du printemps 2024.

Le président de l’OIIQ, Luc Mathieu, a annoncé que l’ordre s’appuiera sur le «NCLEX-RN» dès l’an prochain. Cet acronyme anglais fait référence au «National Council Licensure Examination for RN», c’est-à-dire l’examen du comité national pour l’accès à la profession infirmière. Il s’agit de l’examen utilisé aux États-Unis et ailleurs au Canada pour obtenir un permis de pratique.

Ainsi, la formule actuelle va demeurer pour la prochaine séance prévue à l’automne 2023. Une autre cohorte a également dû affronter l’examen controversé le mois dernier. Les résultats devraient être dévoilés dans les prochaines semaines. L’ordre affirme tout de même déjà que 70 % des candidates qui avaient échoué en septembre 2022 ont réussi leur reprise en mars dernier. 

En ce qui concerne les critiques contenues dans le deuxième rapport d’étape de l’enquête du commissaire à l’admission aux professions, Me André Gariépy, dévoilé mardi, l’OIIQ estime que ce dernier fait fausse route en prétendant que 500 candidates auraient dû obtenir la note de passage si l’on n’avait pas appliqué le facteur de «l’erreur de mesure».

Selon l’ordre, la note de passage de base à l’examen était de 49 %, laquelle a été rehaussée à 53 % en ajoutant l’erreur de mesure. Or, après avoir effectué un exercice de révision avec un comité d’experts au cours des derniers mois, comme le stipule l’une des recommandations du commissaire, la note suggérée aurait dû être encore plus élevée.

D’après Luc Mathieu, si l’OIIQ allait de l’avant avec cette recommandation de recalcul, ce sont plutôt des centaines d’infirmières en fonction qui devraient perdre leur droit de pratique.

Parmi les autres failles importantes de l’examen, le commissaire avait aussi soulevé que plus de 12 % des questions comportaient des problèmes de construction ou de clarté. L’OIIQ rejette une fois de plus cette conclusion et affirme que d’autres experts ont procédé à une révision des questions avant de conclure qu’elles pouvaient être difficiles, mais que cela «reflète la complexité» de la profession.

Un nouvel examen

Selon l’OIIQ, le NCLEX-RN offrira plusieurs avantages aux candidates à la profession. Elles pourront s’y frotter autant de fois que nécessaire pour le réussir à l’intérieur d’une période de quatre ans.

Du même coup, les candidates à la profession qui auront épuisé leurs trois chances de réussir l’examen actuel en septembre prochain pourraient bénéficier de mesures transitoires pour se frotter au NCLEX-RN.

De plus, des séances devraient être offertes un peu partout au Québec pour éviter des déplacements. Puis, comme l’examen s’effectue sur ordinateur, les résultats devraient être plus faciles à calculer.

Le président Luc Mathieu a aussi souligné qu’il s’agit d’un outil éprouvé puisque depuis sa création en 1994, il a été soumis à plus de six millions d’aspirantes infirmières en Amérique du Nord.

Afin de procéder à ce changement d’examen, l’OIIQ va soumettre une demande à l’Office des professions du Québec.

Cette décision semble donner raison aux critiques du commissaire qui remettait en question la validité et la fiabilité de l’épreuve utilisée par l’ordre. Son président, Luc Mathieu, souligne cependant que les travaux ont été entamés il y a quelques années déjà.

D’ailleurs, le rapport de Me Gariépy révélait que l’OIIQ savait depuis au moins 2018 que la fiabilité de son examen était plutôt faible.

Rappelons que ce sont les résultats catastrophiques de l’examen d’accès à la profession de l’automne 2022 qui ont poussé le commissaire Me André Gariépy à déclencher une enquête. À peine 45,4 % des candidates avaient obtenu la note de passage.

Depuis l’annonce de ces résultats, l’OIIQ blâme la pandémie de COVID-19 en prétendant que les étudiantes n’ont pas reçu la formation adéquate.

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