OTTAWA – Une démarche intentée par les maires des municipalités du pays pour en savoir davantage sur les cargaisons ferroviaires dangereuses circulant dans leurs communautés soulève des questions de sécurité au sein du gouvernement fédéral.
Après une série de déraillements survenus au cours des derniers mois, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) s’inquiète de la possibilité que les intervenants d’urgence n’aient pas prévu à l’avance les mesures d’urgence appropriées pour certaines des situations auxquelles ils ont été confrontés.
Depuis la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic, en juillet, lors de laquelle 47 personnes ont trouvé la mort, les responsables municipaux du pays demandent au gouvernement fédéral de fournir à l’avance plus d’information à propos de la nature des marchandises transportées par voie ferroviaire, afin que les municipalités puissent se préparer au pire.
«Les premiers répondants locaux sont ceux qui se trouvent sur les lignes de front lorsque surviennent des situations d’urgence», a déclaré le président de la FCM, Claude Dauphin, lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne à Ottawa.
Actuellement, «personne ne sait» ce qui se trouve dans les wagons lorsqu’un accident se produit, a poursuivi le maire de l’arrondissement Lachine, à Montréal.
La FCM a formé un groupe de travail sur la sécurité ferroviaire peu après les tragiques événements de Lac-Mégantic et exige plus de clarté d’Ottawa quant au transport de produits dangereux.
Les leaders municipaux se sont toutefois buttés à la résistance des responsables fédéraux, ceux-ci craignant que les informations ainsi partagées puissent tomber dans les mauvaises mains et présenter un risque en matière de sécurité.
«Nous, à la FCM, partageons cette inquiétude du gouvernement fédéral à propos des éventuelles implications sécuritaires du partage d’informations sur les matières dangereuses», a souligné M. Dauphin.
«Mais en même temps, nos gouvernements locaux sont à la recherche d’un mécanisme efficace et sûr pour partager les informations de base sur les produits dangereux», a-t-il ajouté.
La FCM précise que certains responsables gouvernementaux ont fait preuve d’ouverture face aux demandes des maires, et que les discussions se poursuivent. Une rencontre avec la ministre des Transports, Lisa Raitt, est promise avant la fin du mois de septembre.
Des responsables ministériels n’ont cependant pas voulu discuter de la nature de leurs craintes en matière de sécurité, ou même dire s’il existait une certaine marge de manoeuvre pour discuter de la question des matières dangereuses avec les municipalités.
«Les villes peuvent demander aux sociétés ferroviaires pour obtenir de l’information concernant les types de produits dangereux qui sont transportés», a indiqué la porte-parole de Transports Canada, Karine Martel, dans un courriel.
La procédure actuelle, qui oblige les transporteurs à acheminer à Transports Canada, «immédiatement après un accident», les informations sur les produits dangereux, laisse certains responsables municipaux perplexes.
Le maire de Calgary Naheed Nenshi, dont la ville a récemment connu un deuxième accident ferroviaire en trois mois, est de ceux-là.
«Les employés municipaux risquent leur vie pour gérer ces urgences et nous ne sommes toujours pas en mesure d’obtenir des informations spécifiques sur ce qui se trouve à bord de ces trains afin d’assurer la sécurité de nos citoyens», a lancé M. Nenshi la semaine dernière.
«Cela ne peut plus durer.»