Ottawa va envoyer des militaires au Québec et en Ontario, mais on ne sait pas encore quand.
Jeudi, Justin Trudeau n’avait aucun détail précis à offrir, en réponse aux demandes des deux provinces formulées la veille.
François Legault a besoin de 1000 militaires canadiens pour les CHSLD qui manquent de personnel. Doug Ford a demandé cinq équipes militaires de 50 soldats chacune, avec ou sans formation médicale.
«On a reçu la demande hier en soirée, donc on travaille avec eux pour coordonner la meilleure réponse dans les chiffres et dans les endroits nécessaires», a dit le premier ministre Trudeau à son point de presse jeudi avant-midi.
Les Forces armées ont déjà déployé au Québec une centaine de militaires ayant une formation médicale pour répondre à la demande faite la semaine dernière.
Lors de l’allocution qui a précédé les questions des journalistes, M. Trudeau a dit toute sa colère face au sort que subissent les personnes âgées au pays.
«Nos militaires iront prêter main-forte comme ils le font toujours. Mais il ne s’agit pas d’une solution à long terme. Au Canada, ce n’est pas nos militaires qui devraient prendre soin de nos aînés. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, on va devoir examiner comment on en est arrivé là», a-t-il lancé.
Il n’a pas voulu élaborer davantage cette réflexion lorsqu’une journaliste lui a demandé si le gouvernement fédéral imposerait des critères aux provinces pour les soins de santé des personnes âgées. Il s’est contenté de dire que les Canadiens exigeront des politiciens une conversation sur ce sujet.
Quelques minutes plus tard, sa ministre de la Santé, Patty Hajdu, allait un peu plus loin, parlant d’un «projet national».
«Il devrait y avoir un projet national à long terme pour examiner les établissements de soins de longue durée et voir comment nous pouvons mieux appuyer ces établissements, à tous les niveaux de gouvernements», a déclaré la ministre Hajdu.
Des normes nationales? Sans aller jusque-là, Mme Hajdu a souligné «le grand appétit des Canadiens et des politiciens pour réparer cette situation une bonne fois pour toutes, pour toutes les personnes âgées, à travers le pays».
«Tout le pays comprend que nous, ensemble, devons faire mieux pour nos aînés. (…) Les détails spécifiques (…), ce n’est pas le moment de parler de ça», a cependant offert la vice-première ministre Chrystia Freeland, assise à la même table que sa collègue Hajdu.
Plus de financement pour la recherche
Le gouvernement fédéral délie une fois de plus les cordons de sa bourse pour s’attaquer à la pandémie de la COVID-19.
C’est 1,1 milliard $ de plus que Justin Trudeau a annoncé pour financer la création d’un vaccin, la recherche de traitements et la hausse du nombre de tests effectués au pays.
Le mois dernier, Ottawa avait déjà donné 275 millions $ pour la recherche liée à ce virus.
«La vaccination va être un élément essentiel de la piste de sortie de la COVID-19. C’est pour ça que nous investissons dans la recherche (…) pour trouver un vaccin», a souligné M. Trudeau.
«En même temps, nous avons besoin d’assurer qu’on puisse (le) produire ici, au Canada», a-t-il ajouté.
Les municipalités appellent à l’aide
La Fédération canadienne des municipalités (FCM) calcule que le déficit des villes du pays atteindra, à court terme, au moins 10 à 15 milliards $. Pertes en impôts fonciers, en factures de services publics ou dues aux diminutions d’utilisation du transport public pour les villes qui en ont, l’encre rouge s’accumule dans les villes. «Et il leur est légalement interdit d’enregistrer des déficits», rappelle le président de la FCM, Bill Karsten, dans un communiqué publié jeudi matin.
La FCM se tourne donc vers le gouvernement fédéral pour lui demander une aide financière.
Les municipalités «en sont au point où il leur faut des fonds de toute urgence pour maintenir les services essentiels», écrit M. Karsten.
La réponse du premier ministre Trudeau n’a pas tardé. «Les municipalités sont gérées par les provinces», a-t-il rappelé, en ajoutant qu’Ottawa travaille directement avec les municipalités «quand c’est approprié».
Les conservateurs réclament un plan national de déconfinement
Alors que certaines provinces, villes ou régions du pays commencent à parler de déconfinement, le chef par intérim du Parti conservateur réclame au gouvernement fédéral un plan unique pour tout le pays.
Andrew Scheer dit qu’il ne faudrait pas que les règles sanitaires qui demeureront après cette première vague de la COVID-19 soient différentes selon l’endroit où on vit.
«Est-ce que le gouvernement fédéral a un plan pour commencer à revoir les restrictions sanitaires de manière ordonnée après cette crise?», a demandé M. Scheer lors d’un point de presse, jeudi matin, disant s’inquiéter d’un «possible « patchwork » (travail de rapiéçage) à travers le pays».
«D’autres pays ont publié des plans nationaux. Pourquoi le Canada ne le fait-il pas?» a-t-il encore demandé.
La santé est de compétence provinciale au Canada et l’épidémie y fait des ravages bien différents selon la région du pays.
Rapatriements
Jeudi, des Canadiens rentraient au pays en provenance du Guatemala et du Pakistan.
Tous les navires de croisières qui transportaient des passagers canadiens ont désormais mis fin à leurs voyages. Des touristes canadiens qui ont accosté en Italie mercredi devaient rentrer au Canada sur des vols commerciaux.
Affaires mondiales Canada surveille encore 86 paquebots comptant au total 271 membres d’équipage canadiens.
Ottawa a distribué jusqu’à maintenant 6,4 millions $ en prêts à plus de 2000 Canadiens coincés à l’étranger. Le gouvernement étudie encore quelque 2000 autres demandes de prêt.
Nombre de cas
Il y a eu plus de 620 000 tests administrés au Canada jusqu’à maintenant. La proportion de tests positifs ayant décelé la COVID-19 demeure d’environ 6,5 pour cent, selon l’Agence de la santé publique du Canada.
Ces tests ont décelé 42 105 cas confirmés et probables. La COVID-19 a provoqué la mort de 2147 Canadiens.
Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 21 838 cas au Québec, dont 1243 décès; 12 879 cas en Ontario, dont 713 décès; 3720 cas en Alberta, dont 68 décès; 1824 cas en Colombie-Britannique, dont 94 décès; 827 cas en Nouvelle-Écosse, dont 16 décès; 331 cas en Saskatchewan, dont quatre décès; 262 cas au Manitoba, dont six décès; 256 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 118 cas au Nouveau-Brunswick; 26 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, dont 24 déjà guéris; 11 cas au Yukon; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun cas au Nunavut.
À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.