La détresse au travail des infirmières «doit cesser», dit la ministre McCann

MONTRÉAL — La nouvelle ministre de la Santé, Danielle McCann, a eu droit à des applaudissements nourris de la part des infirmières, mardi, lorsqu’elle a réitéré ses promesses d’abolir les heures supplémentaires obligatoires et de créer davantage de postes à temps complet. Et elle compte s’atteler à la tâche rapidement.

La ministre de la Santé et des Services sociaux s’est ainsi adressée aux quelque 2700 membres de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec réunis en congrès à Montréal. Son allocution d’une durée d’environ sept minutes a été interrompue 11 fois par des applaudissements.

«J’entends me pencher rapidement sur votre surcharge de travail», a-t-elle lancé, avant d’être interrompue par les applaudissements. «Je suis extrêmement préoccupée par l’augmentation du nombre de congés de maladie et par la détresse au travail vécue par plusieurs d’entre vous. Cela doit cesser.»

Les reportages sur l’épuisement des infirmières, le fameux «TSO» (temps supplémentaire obligatoire), le manque d’infirmières pour le nombre de patients, l’alourdissement des clientèles et l’absentéisme pour cause de maladie ont été nombreux depuis quelques années.

La ministre a dit vouloir «redonner une qualité de vie» aux infirmières, qui se plaignent non seulement des heures supplémentaires obligatoires, mais aussi du manque de postes à temps complet et intéressants, du manque d’autonomie professionnelle et d’une mauvaise planification de la main-d’oeuvre dans bien des cas.

«Il y en a des solutions; il y en a. Et j’ai l’intention d’agir rapidement pour les mettre en place: valoriser la profession d’infirmière, vous redonner votre autonomie professionnelle et clinique, réduire vos tâches administratives, abolir le temps supplémentaire obligatoire, créer des postes attrayants et à temps complet», a-elle énuméré, entre autres solutions.

Elle a noté qu’encore aujourd’hui, 50 pour cent des infirmières travaillent à temps partiel.

Elle mise également sur le fruit des projets de ratios «professionnelle en soins-patients», qui ont été progressivement lancés au cours des derniers mois, grâce au combat mené par la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) — l’organisation syndicale qui représente la grande majorité des infirmières et infirmières auxiliaires au Québec.

«Je veux aussi veiller à ce que les ratios infirmière-patients garantissent une prestation de soins humains, sécuritaires et de qualité», a-t-elle affirmé. 

Et alors que plusieurs observateurs ont reproché à son prédécesseur, Gaétan Barrette, d’avoir trop centralisé les pouvoirs de décision dans le réseau de la santé, la ministre McCann a dit vouloir rapprocher ces pouvoirs de décision du terrain.

Nouveau président

Par ailleurs, l’Ordre des infirmières a un nouveau président, un homme. Luc Mathieu succède ainsi à Lucie Tremblay, qui avait servi pendant trois mandats consécutifs de deux ans.

M. Mathieu est professeur à l’École des sciences infirmières de la Faculté de médecine et des sciences de la santé depuis 2002 et directeur académique du Centre de formation continue de la Faculté de médecine des sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke depuis 2015. Il possède une formation en gestion et en sciences infirmières et détient un doctorat en administration des affaires.