Une trentaine d’autos ont été incendiées à deux endroits différents de Lachine mardi

MONTRÉAL — Une trentaine d’automobiles ont été détruites par le feu dans la nuit de lundi à mardi, dans deux incendies criminels survenus à deux endroits différents de l’arrondissement de Lachine, dans le sud-ouest de Montréal.

Les deux incendies, qui ont éclaté à moins de deux heures d’intervalle, n’ont pas fait de blessé apparent. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne rapportait aucune arrestation mardi matin.

Le premier sinistre s’est produit vers 0 h 40 dans la cour d’un immeuble de la 32e avenue, dans un secteur industriel de l’arrondissement de Lachine. À cet endroit, une vingtaine d’automobiles ont été ravagées par le feu.

Le second incendie a éclaté peu après 2 h à environ trois kilomètres à l’est, dans un établissement commercial de la rue du Pacifique. Le bâtiment commercial a été endommagé par les flammes, de même qu’une dizaine de véhicules tout près.

Des périmètres de sécurité ont été érigés mardi afin que les enquêteurs de l’escouade des incendies criminels du SPVM puissent entreprendre leur travail.

Extorsions et crime organisé

Il s’agit des plus récents épisodes d’une vague d’incendies criminels qui ciblent des véhicules et des commerces cette année dans la grande région de Montréal. L’agente Véronique Dubuc, du SPVM, affirmait mardi que la police n’excluait pas de lien entre les incendies de la nuit.

Le directeur du SPVM, Fady Dagher, indiquait lundi que la police enquêtait sur une série d’incendies criminels visant des cafés libanais, dont les propriétaires auraient refusé de se soumettre à des tentatives d’extorsion — de «payer la protection» au crime organisé.

André Gélinas, un sergent détective montréalais à la retraite, a expliqué en entrevue lundi que dans ce genre de cas, les criminels offrent aux propriétaires de commerces leur «protection» en échange d’un tarif mensuel. Ceux qui refusent de payer se font vandaliser par ces mêmes criminels.

Le chef Dagher a indiqué que les incendiaires présumés qui ont été arrêtés jusqu’ici agissaient souvent au nom d’autres personnes, et que les enquêteurs tentaient toujours de déterminer qui donnait les ordres.

«Nous arrêtons les suspects qui sont payés 200 ou 300 $ et qui n’ont aucune idée de pourquoi ils mettent le feu», a-t-il expliqué.

Le SPVM soutient avoir noté cette année une augmentation des incendies criminels, avec 193 cas et 30 arrestations entre janvier et avril, comparativement à 120 cas et 20 arrestations au cours de la même période il y a un an.

En mars, trois services de police ont lancé le Projet Mèche, une enquête visant l’extorsion, les menaces et les incendies criminels contre des commerçants de Montréal, de Laval et de la Couronne Nord. L’enquête survient après que plusieurs commerçants ont rapporté être victimes d’attaques, d’incendies criminels, d’extorsion ou de coups de feu.

Dans certains cas, des commerces ont préféré fermer boutique. C’est ce qu’un restaurant libanais de Laval a fait la semaine dernière, disant aux médias que le local avait été incendié quatre fois après avoir refusé de payer.

Selon M. Gélinas, ces stratagèmes d’extorsion persistent parce qu’ils sont lucratifs et que la peur qu’ils inspirent empêche les victimes de témoigner.

Il pense que la vague de cas d’extorsion est sans doute causée par le regain économique après la pandémie qui a forcé la fermeture des restaurants.

«Ces parasites sociaux ont remarqué le rebond de l’activité économique, a-t-il dit. Ils sont un peu comme des requins qui sentent du sang dans l’eau; ces gars sentent l’argent.»

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