Montréal annonce la création d’une équipe dédiée à la lutte contre le trafic d’armes

MONTRÉAL — Devant une recrudescence des crimes liés à l’utilisation des armes à feu, la Ville de Montréal a annoncé la création d’une équipe dédiée à la lutte contre le trafic d’armes (ELTA).   

Le mandat de cette équipe sera de remonter à la source, soit aux têtes dirigeantes des réseaux de trafic d’armes.   

Composée d’une vingtaine d’employés du SPVM au départ, l’ELTA «permettra d’approfondir les enquêtes dans le but ultime d’arrêter les têtes dirigeantes des réseaux existants et d’ainsi s’attaquer au marché du trafic d’armes», a indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, lors d’une conférence de presse jeudi matin.  

Depuis le printemps dernier, les policiers ont constaté une recrudescence d’incidents impliquant des armes à feu dans plusieurs secteurs de Montréal comme Montréal-Nord, Ahuntsic, Hochelaga-Maisonneuve, Rivière-des-Prairies et le Vieux-Montréal.  

En conférence de presse, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, a fait état d’une «hausse atypique» et «inacceptable» de crimes reliés aux armes depuis le printemps et il a indiqué que son service de police doit maintenant «déployer les efforts à un autre niveau».  

La nouvelle équipe sera financée à même les budgets existants du SPVM.   

«Dans la première phase, il y aura une vingtaine de policiers, alors on peut penser à un budget de deux millions et demi ou trois millions de dollars», a précisé le directeur du SPVM.  

Sylvain Caron a mentionné qu’ELTA travaillera en amont des autres équipes afin de s’attaquer aux réseaux de distribution et d’approvisionnement des armes à feu.

«Ce qu’on veut avec ELTA, c’est d’aller plus en profondeur dans nos enquêtes. Ça demande du temps, de l’énergie et beaucoup de travail. On veut saisir les armes à feu avant qu’elles soient utilisées à des fins criminelles», a précisé M. Caron

La Ville ne peut agir seule  

Caroline Bourgeois, la mairesse d’arrondissement de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, a souligné que le problème du trafic d’armes «dépasse largement les frontières de Montréal».  

«C’est pourquoi nous avons adopté, en octobre dernier, une déclaration en faveur d’une interdiction nationale de la possession privée des armes de poing au Canada qui vise aussi à rappeler l’urgence d’agir et la volonté de nombreuses villes et provinces canadiennes de voir le gouvernement fédéral prendre ses responsabilités dans ce dossier», a-t-elle mentionné en conférence de presse. 

Dans le discours du Trône du 23 septembre dernier, le gouvernement Trudeau avait réaffirmé son intention de donner aux municipalités «la capacité de restreindre ou d’interdire les armes de poing».   

Mais plusieurs maires à travers le pays exigent qu’Ottawa prenne davantage les choses en main.   

«Nous estimons que cette compétence doit demeurer au niveau fédéral afin d’assurer une cohérence en matière de réglementation et d’application», a fait valoir la mairesse Caroline Bourgeois,  avant d’ajouter: «on continuera de faire pression».