Montréal ouvre de nouveaux refuges et des centres jours pour personnes itinérantes

MONTRÉAL — La Ville de Montréal poursuit le déploiement de son plan d’urgence pour venir en aide à la population itinérante en pleine pandémie de la COVID-19. Un total de 350 lits temporaires pourra accueillir la clientèle sans-abri.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé mardi l’ouverture de nouveaux refuges temporaires ainsi que de nouveaux centres de jour pour accueillir les sans-abri qui n’ont nulle part où aller alors que tous les lieux publics sont fermés.

Un refuge pour hommes permettra d’accueillir une cinquantaine d’individus au Marché Bonsecours. Un refuge mixte permettra d’en recevoir quelques dizaines de plus au Centre Jean-Claude Malépart, dans le quartier Centre-Sud.

Par ailleurs l’ancien hôpital Royal-Victoria doit rouvrir ses portes dès maintenant. Il servira à isoler les personnes itinérantes infectées par la COVID-19 puisqu’elles n’ont pas de lieu de résidence où se placer en confinement.

Une aile du bâtiment doit éventuellement servir aussi de refuge d’urgence, mais ce pavillon n’est pas encore prêt à accueillir des bénéficiaires.

De plus, trois nouveaux centres de jour vont être aménagés à la Place du Canada, au parc Jeanne-Mance et devant l’aréna Francis-Bouillon. Ces lieux offrent des installations sanitaires et de la nourriture aux personnes itinérantes.

Au total, ce sont 350 places qui ont été ouvertes en refuges d’urgence. Celles-ci permettent de compenser pour la perte de quelque 300 lits fermés dans les ressources d’hébergement habituelles en raison des mesures imposées par les autorités de santé publique.

C’est le cas notamment au Bunker, qui accueille une clientèle jeunesse. L’organisme Dans la rue, qui gère l’établissement, a dû réduire sa capacité d’accueil de 17 à 9 places.

Un partenariat avec le réseau de la santé permettra de fournir de l’équipement de protection aux intervenants sociaux qui doivent intervenir auprès de personnes itinérantes potentiellement contaminées par le nouveau coronavirus.

Depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire dans la métropole, Montréal a déjà ouvert des refuges temporaires au YMCA du centre-ville et au Complexe Guy-Favreau. Des centres de jour sont aussi opérationnels au Square Cabot et à la Place Émilie-Gamelin.

Des ressources de distribution alimentaire mobile vont aussi être déployée au cours des prochains jours d’est en ouest pour aller directement à la rencontre de la clientèle dans le besoin.

Appel à l’aide

En cette période de crise, la pression est forte sur les épaules des ressources d’aide communautaires. Les intervenants de ces organismes sont mobilisés et solidaires, mais ils doivent maintenant se déployer dans les centres de jour et les refuges d’urgence.

Le président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Samuel Watts, a profité de la conférence de presse pour lancer un appel à l’aide à toute personne qualifiée disposée à contribuer.

«On a besoin de gens qualifiés pour venir en aide aux organismes communautaires. Notre personnel, ce sont des gens dévoués, compétents, mais à un certain point on va devenir fatigué», a mentionné M. Watts en parlant au nom de tous ses collègues.

À titre d’exemple, la directrice stratégie et impact social chez Dans la rue, Caroline Dufour, soutient avoir perdu 90 % de ses bénévoles. Ce qui a forcé l’arrêt du service de sa très populaire roulotte.

Inquiète, mais pas alarmiste

Face au bilan de 1991 cas positifs à la COVID-19 sur l’île de Montréal, la mairesse Valérie Plante dit être évidemment inquiète, mais pas découragée ni alarmiste.

Disant ne pas pouvoir se transformer en experte médicale, elle soutient faire entièrement confiance à la directrice de la santé publique de Montréal, Dre Mylène Drouin.

«Ça m’encourage encore plus à redoubler d’efforts, à m’assurer que les Montréalais et Montréalaises continuent à suivre les règles», a-t-elle ajouté en saluant l’énorme discipline dont font preuve les citoyens.

Valérie Plante a encore une fois fermé la porte à la possibilité de boucler la ville ou un arrondissement en particulier. Des mesures sévères qui ne sont pas encore nécessaires, selon elle.

«Ce n’est pas notre scénario envisagé à très court terme et cette décision serait prise avec la direction nationale de la santé publique», a-t-elle précisé.

La mairesse estime qu’il est plus important de concentrer les efforts «là où c’est efficace», c’est-à-dire en s’assurant que les citoyens restent chez eux et respectent les consignes.