Morts en CHSLD: les provinces ont échoué à prendre soin de leurs aînés, selon Trudeau

OTTAWA — Justin Trudeau affirme que les premiers ministres des provinces ont «échoué à bien protéger nos aînés» et il les invite, encore une fois, à accepter les 14 milliards $ d’Ottawa qui viennent avec certaines conditions.

Cet argent devait, tout d’abord, servir à gérer cette sortie de première vague de la pandémie, en effectuant, par exemple, assez de tests de dépistage et assez de traçage de contacts de personnes infectées.

Jeudi matin, le premier ministre l’a présenté comme étant aussi de l’argent pour améliorer la situation dans les CHSLD.

Les provinces, le Québec en tête, refusent les conditions rattachées à cet argent, les soins de santé étant de leur compétence.

À son point de presse devant sa résidence officielle, M. Trudeau commentait le rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) qui a relevé qu’en date du 25 mai, 81 % des décès au Canada liés à la COVID-19 ont été recensés dans les établissements de soins de longue durée.

L’institut compare ce chiffre à ceux des autres pays de l’OCDE, où la moyenne est de 42 %, «allant de moins de 10 % en Slovénie et en Hongrie à 66 % en Espagne».

«Je suis profondément préoccupé (…) et c’est pour ça que depuis plusieurs semaines, tous les jeudis soirs, je souligne ça avec les premiers ministres des provinces. C’est pour ça qu’on a offert 14 milliards $, incluant de l’argent pour nos aînés (…) pour améliorer la situation. Et on espère que les provinces vont accepter cet argent et faire les changements nécessaires», a dit M. Trudeau.

Parlant de ses homologues des provinces, M. Trudeau n’a pas hésité à les blâmer. «C’est leur responsabilité et c’est eux qui ont échoué à bien protéger nos aînés pendant cette pandémie», a-t-il lancé.

Puis, se montrant conciliant, il a offert l’aide du fédéral pour améliorer la situation dans les CHSLD, tout en respectant les pouvoirs des provinces.

«Est-ce que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle? Absolument. Est-ce qu’il doit jouer un rôle? Parlons-en avec les provinces», a-t-il dit, assurant, une fois plus, ne pas vouloir s’ingérer dans des champs de compétence qui ne sont pas les siens.

Le premier ministre ontarien Doug Ford a été le premier à relever le gant.

«Je suis un peu choqué par son commentaire, pour être franc», a-t-il confié durant son point de presse quotidien à Toronto. «Nous sommes supposés être tous dans le même bateau, soyons-y ensemble», a-t-il ajouté.

Puis, il s’est plaint que sa province n’obtiendrait pas sa juste part des transferts promis en santé. «C’est supposé être un vrai partenariat. Certaines provinces obtiennent aussi peu que 18 %. Nous aurons 20 % à 22 %. Ce n’est pas un partenariat, ça», a-t-il dénoncé.

Jeudi soir, pour la 15e fois depuis le début de la pandémie, les premiers ministres du pays avaient un rendez-vous téléphonique. 

Publication hebdomadaire des données québécoises

M. Trudeau a également commenté la décision de Québec de n’offrir, dorénavant, qu’une fois par semaine la mise à jour du nombre de cas et de décès.

«Je pense qu’au Québec, on continue de voir de nouveaux cas à tous les jours. Et c’est important de voir comment cette situation est en train d’évoluer. J’espère que le premier ministre (François) Legault va continuer d’être ouvert et transparent avec les citoyens comme il l’est depuis le début», a insisté M. Trudeau.

Selon lui, cette information publiée quotidiennement est rassurante pour les citoyens et importante pour les chercheurs.

«Ce n’est pas une décision politique, ce n’est pas une décision pour cacher quoi que ce soit», a répliqué Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec, à Montréal, en après-midi.

Assurant qu’il va continuer à surveiller ces chiffres, Dr Arruda a promis d’informer plus fréquemment les Québécois s’il y a un changement dans les tendances épidémiologiques.

La ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, a fait savoir de son côté qu’elle se contenterait d’un partage «continu», «régulier» et «rapide» des données québécoises avec le gouvernement fédéral. Pour ce qui est du partage public de ces données, la ministre estime que c’est aux autorités québécoises de décider comment le faire.

«Nous jouons un rôle important d’appui (aux provinces) pour gérer toute éclosion potentielle», a-t-elle souligné, au cours de la conférence de presse des ministres qui a suivi la sortie de M. Trudeau.

Bourses et stages pour étudiants

Le gouvernement fédéral a précisé l’aide, en plus de la prestation canadienne d’urgence pour étudiants (PCUE), qu’il offre aux collégiens et universitaires en mal d’emploi d’été.

Ainsi, la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant (BCBE) a été lancée. Elle offre entre 1000 $ et 5000 $, selon le nombre d’heures de bénévolat. La plateforme qui y est associée — Je veux aider — est maintenant disponible.

Ottawa s’allie également à une ONG, Mitacs, pour qu’elle étende son programme de stages dans les entreprises aux universitaires du premier cycle. Le gouvernement fédéral met 40 millions $ dans cette initiative.

Nombre de cas

Il y a eu plus de 2 518 000 tests administrés au Canada depuis le début de la pandémie. On fait passer en moyenne 38 000 tests par jour. La maladie a été détectée par environ 1 % de ces tests.

Jusqu’à maintenant, on a recensé 102 622 cas confirmés ou probables dans l’ensemble du pays. La COVID-19 a provoqué la mort de 8504 Canadiens.

Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 55 079 cas au Québec, dont 5448 décès; 34 205 cas en Ontario, dont 2641 décès; 7851 cas en Alberta, dont 154 décès; 2869 cas en Colombie-Britannique, dont 173 décès; 1061 cas en Nouvelle-Écosse, dont 63 décès; 759 cas en Saskatchewan, dont 13 décès; 316 cas au Manitoba, dont sept décès; 261 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 165 cas au Nouveau-Brunswick, dont deux décès; 27 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, tous guéris; 11 cas au Yukon, tous guéris; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun cas au Nunavut.

À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas, tous guéris, chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.