HAPPY VALLEY-GOOSE BAY, T.-N.-L. — Un examen a révélé que les dirigeants chargés de superviser le mégaprojet de Muskrat Falls auraient dû savoir qu’il serait presque impossible d’atteindre les cibles en matière de coûts et d’échéancier.
L’examen judiciaire de la construction de Muskrat Falls a été présenté lundi à l’enquête sur les dépassements de coûts par le cabinet d’experts-comptables Grant Thornton.
Le coût du barrage de Muskrat Falls a pratiquement doublé pour atteindre plus de 12,7 milliards $ depuis sa sanction en 2012.
Selon le rapport, Nalcor Energy, la société d’État provinciale qui supervise le projet, aurait dû savoir des mois après la sanction de Muskrat Falls — quand il était encore temps de reculer — que les travaux avaient six mois de retard et que la réserve pour imprévus du projet était déjà épuisée.
L’examen s’est également penché sur la gestion des contrats de Nalcor et a révélé qu’Astaldi, la société italienne embauchée pour réaliser la plus grande partie des travaux, avait été choisie essentiellement parce qu’elle proposait l’une des offres les moins chères.
Selon le rapport, Nalcor savait depuis deux ans qu’Astaldi n’atteindrait pas ses objectifs de performance, mais n’envisageait pas de remplacer le contrat avant 2016, lorsque cela était considéré comme une mauvaise décision financière.
L’examen a mis en lumière des cas où les dirigeants de Nalcor ont appris que les coûts avaient augmenté plusieurs mois avant que son conseil d’administration n’approuve une augmentation du budget.
Il a également révélé que les dirigeants de Nalcor avaient été informés au printemps 2013 d’un rapport de la firme d’ingénieurs SNC-Lavalin évaluant les risques du projet Muskrat Falls. Les dirigeants ont cependant choisi de l’ignorer et des courriels indiquent qu’un responsable a demandé que le rapport soit laissé dans sa version préliminaire.
L’évaluation de SNC ajoutait une somme de 2,4 milliards $ aux calculs de risque de Nalcor.