MONTRÉAL — Le compte à rebours vers un possible exercice du droit de grève dans l’industrie de la construction vient de commencer. La ministre du Travail, Dominique Vien, a en effet annoncé mardi la nomination de conciliateurs dans deux sous-secteurs de l’industrie de la construction.
En nommant des conciliateurs, la ministre se trouve à ne pas prolonger le mandat des médiateurs. Or, les règles prévoient une période de 21 jours entre la fin du mandat des médiateurs et l’exercice effectif du droit de grève par les travailleurs.
L’Alliance syndicale, qui représente les 175 000 ouvriers de la construction au Québec, consulte présentement ses membres sur un mandat de grève.
La ministre a ainsi nommé deux conciliateurs dans les deux sous-secteurs de l’industrie qui n’en avaient pas encore, à savoir le résidentiel, ainsi que le génie civil et voirie.
Vendredi dernier, elle avait nommé une conciliatrice pour les deux autres sous-secteurs: l’institutionnel, ainsi que le commercial et industriel.
Le 24 avril dernier, l’Alliance syndicale avait d’ailleurs écrit à la ministre, lui demandant de ne pas prolonger la médiation et de laisser le rapport de forces s’exercer.
Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne mardi, une des associations patronales, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), s’est dite «déçue» et «étonnée» de la décision de la ministre de ne pas prolonger le mandat des médiateurs et de nommer des conciliateurs, enclenchant ainsi le processus vers un possible exercice du droit de grève.
«En mettant fin à la médiation, ça fait en sorte que les syndicats vont pouvoir déclencher la grève le 23 mai. Nous, on avait demandé à la ministre de prolonger la médiation, comme la loi le lui permet, pour un mois supplémentaire, parce qu’on était sur une bonne erre d’aller. Ça se passait bien. Malheureusement, là on tombe avec cette épée de Damoclès-là au-dessus de nos têtes pour les prochaines semaines», a déploré François-William Simard, vice-président développement stratégique et communications à l’APCHQ.
«La ministre avait vraiment une belle occasion de s’assurer que l’industrie n’allait pas être paralysée par une grève générale. Malheureusement, cette occasion-là n’a pas été saisie par la ministre», a critiqué le porte-parole patronal pour le secteur de la construction résidentielle.
Il assure que l’APCHQ était prête à négocier il y a huit mois et que si les choses ont traîné, c’est que l’Alliance syndicale n’était pas prête à amorcer les discussions.
Les quatre conventions collectives dans l’industrie de la construction viennent d’arriver à échéance le 30 avril.
L’Alliance syndicale regroupe les cinq organisations syndicales présentes dans l’industrie, soit, par ordre de représentativité: la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction.
Quatre associations patronales négocient face à l’Alliance syndicale, soit l’Association des entrepreneurs en construction pour les clauses communes à tous les sous-secteurs, puis trois autres associations patronales pour les clauses propres aux quatre sous-secteurs de l’industrie.