Nouvelle étude sur les ravages de la COVID dans les CHSLD

MONTRÉAL — Une nouvelle étude pilotée par un chercheur du CUSM tentera de déterminer pourquoi certains bénéficiaires de centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) ont été touchés plus durement que d’autres par le coronavirus.

Le projet profitera d’un financement de 2,7 millions $ du gouvernement du Canada par le biais du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19.

Il visera notamment à identifier les facteurs qui font qu’un bénéficiaire est plus susceptible qu’un autre de développer une forme grave de la maladie et possiblement d’en mourir.

Cela pourrait mener à de meilleures mesures de contrôle des infections, aider à prioriser les soins médicaux disponibles et réduire les hospitalisations inutiles, de manière à protéger le système de santé.

«C’est pas simplement parce qu’on est ‘vieux’ que la COVID va être grave, ce n’est pas automatique, a dit le docteur Donald Vinh, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. On veut mieux comprendre quels sont les facteurs qui expliquent la différence entre ceux qui ont récupéré, ceux qui n’ont jamais été infectés et ceux qui ont eu une évolution défavorable.»

Les chercheurs souhaitent recruter 850 participants dans des CHSLD et des résidences privées pour aînés (RPA) de la région de Montréal.

Des échantillons sanguins seront prélevés pour comparer la réponse immunitaire des résidants qui n’ont jamais été infectés à celle des résidants qui ont été peu, moyennement ou gravement malades.

«Ce n’est pas comme si on avait allumé un feu et que toute la forêt avait brûlé, a dit le docteur Vinh pour illustrer les disparités qui ont pu exister au sein d’un même établissement après une éclosion de COVID-19. Le taux de mortalité n’était pas de 100 %.»

Des travaux précédents menés par le docteur Vinh avaient permis de découvrir que, chez certains aînés, une portion du système immunitaire qui jouerait normalement un rôle important pour combattre le coronavirus avait été neutralisée par ce qu’on appelle des «auto-anticorps».

La nouvelle étude pourrait permettre de pousser cette découverte encore plus loin. Ainsi, les aînés qui sont porteurs de ces auto-anticorps pourraient avoir besoin d’une attention particulière pour leur protection, tandis que ceux chez qui ils sont absents pourraient simplement être placés en observation.

De même, de nouvelles avenues thérapeutiques pourront s’ouvrir si on détermine, par exemple, que les aînés les plus malades présentent une déficience en interféron, une molécule sécuritaire utilisée depuis des années pour combattre la sclérose en plaques et l’hépatite C.

Les universités McGill, Concordia et de Montréal et l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal collaborent à cette étude, tout comme les CIUSSS Centre-Sud et de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Un chercheur de Concordia, le professeur Jean-Philippe Gouin, s’intéressera ainsi à la relation entre les facteurs psychosociaux et la gravité des infections à la COVID-19, puisque plusieurs bénéficiaires souffrent de troubles cognitifs, de symptômes psychiatriques ou de problèmes de sommeil.

Du côté de l’Université de Montréal, la professeure Hélène Girouard examinera si des problèmes cardiovasculaires comme l’hypertension artérielle ou des troubles de coagulation peuvent prédire des cas plus graves de COVID-19.

«Oui, c’était une tragédie, mais c’est aussi une leçon, a conclu le docteur Vinh. Qu’est-ce qu’on peut en apprendre?»