MONTRÉAL — Une nouvelle plateforme mise en ligne lundi, et à laquelle a collaboré le CHU Sainte-Justine, pourrait permettre une meilleure prise en charge de la COVID-19 en offrant dans un premier temps aux utilisateurs de suivre l’évolution de leur état de santé et, s’ils le souhaitent, d’en informer leur entourage, a appris en primeur La Presse canadienne.
La plateforme covidsentinel.ai a été conçue conjointement par l’hôpital pédiatrique montréalais, la compagnie bld.ai et l’Université de Chicago.
«Pour la population générale, on voulait créer une plateforme web pour assurer le suivi des symptômes. Ce sont des symptômes autodéclarés, donc l’individu entre les symptômes lui-même sur la plateforme, a expliqué la docteure Sze Man Tse, du CHU Sainte-Justine.
«Ce sont des symptômes qui sont en lien avec la COVID, donc l’individu peut suivre ses symptômes lui-même, mais l’utilisateur peut aussi partager cette information avec (…) son cercle social, mais aussi des professionnels de la santé s’il veut.»
La plateforme n’est toutefois pas réservée à ceux qui ont été infectés par le virus. Quiconque souhaite l’utiliser pour suivre l’évolution de son état de santé peut le faire.
La première version de la plateforme s’adresse donc au grand public. Des versions ultérieures cibleront plutôt les professionnels de la santé, les employeurs et les chercheurs.
«Tout d’abord, je pense que ça prend un engagement des utilisateurs, a ajouté la docteure Tse. C’est pour ça que notre premier volet va vraiment se concentrer sur l’expérience des utilisateurs, s’assurer que ça répond à leurs besoins. Comme la plateforme va avoir une portée internationale, ça va être très pertinent pour la recherche.»
La plateforme sera accessible à l’échelle mondiale et a déjà été traduite dans une quinzaine de langues.
Tableau de bord
La docteure Tse croit que la plateforme pourrait éventuellement alléger la tâche des professionnels de la santé.
«Si le patient est dépisté COVID positif, et qu’une infirmière lui demande de suivre sa température tous les jours, il pourrait utiliser cette plateforme-là, entrer sa température tous les jours (…) et ces informations-là peuvent être envoyées à l’infirmière par courriel», a-t-elle illustré.
En certains endroits, poursuit la docteure Tse, des infirmières doivent effectuer des dizaines d’appels téléphoniques par jour pour s’enquérir de la santé de leurs patients. Avec cette plateforme, elles pourraient plutôt consulter d’un seul coup d’oeil un «tableau de bord» qui les informerait de la situation de chacun.
La plateforme offre aussi aux utilisateurs qui le désirent la possibilité de partager leur état de santé avec leurs proches.
«Du côté du cercle social, c’est surtout pour avoir un filet de sécurité, a dit la docteure Tse. Maintenant que tout le monde est en isolement, si on veut suivre les symptômes d’un parent plus âgé, on pourrait le faire. (…) Le partage d’informations, l’entraide, est attrayant.»
La plateforme pourrait éventuellement aider des employeurs à gérer leur personnel en voyant qui est suffisamment rétabli pour retourner au boulot.
Enfin, les données générées par les utilisateurs pourraient être une véritable mine d’or pour les chercheurs, d’autant plus que la plateforme exploitera à cette fin la puissance l’intelligence artificielle.
«On va créer une banque de données à partir des données que les gens vont entrer sur la plateforme, a rappelé la docteure Tse. C’est fait uniquement avec le consentement du patient. S’il consent, on peut utiliser ses données pour faire de la recherche sur la COVID. On peut regarder l’évolution naturelle, les facteurs de risque… C’est très flexible en termes de question qu’on peut poser.»
Une application mobile pourrait éventuellement être développée pour transformer la plateforme en application, ce qui permettrait l’envoi de rappels. Pour le moment, les rappels sont transmis par textos, ce qui engendre des coûts considérables.
Le projet a été rendu possible grâce au soutien de la Fondation CHU Sainte-Justine et de l’Institut TransMedTech.
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