OTTAWA — Avec la flambée des cas d’Omicron, Ottawa rétablit dès mardi l’exigence de présenter un résultat négatif au test PCR pour tous les voyageurs qui reviennent au pays, et ce, peu importe la durée de leur séjour à l’étranger. Et les mesures plus strictes visant l’Afrique du Sud et neuf autres pays africains prendront fin à compter de samedi.
Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a annoncé ces nouvelles mesures lors d’une conférence de presse vendredi en compagnie des administrateurs en chef de la santé publique du Canada.
Le gouvernement fédéral avait déjà mis à jour ses recommandations afin de conseiller aux Canadiens de ne pas voyager. Il instaure de nouveau l’obligation d’effectuer un test de dépistage avant le retour pour tous les voyages, même ceux de 72 heures ou moins. Le test devra être effectué dans un autre pays que le Canada. Cette mesure entrera en vigueur le mardi 21 décembre.
«Je le répète: ce n’est pas le moment de voyager», a martelé le ministre Duclos, lors de son annonce.
L’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, avait laissé entendre plus tôt cette semaine qu’elle espérait que le gouvernement revienne sur les interdictions d’entrées de voyageurs en provenance de 10 pays sur le continent africain.
Ce sera chose faite à compter du samedi 18 décembre, à 23h59. Les voyageurs en provenance de l’Afrique du Sud, d’Eswatini, du Lesotho, du Botswana, du Zimbabwe, du Mozambique, de la Namibie, du Nigéria, du Malawi et de l’Égypte ne seront plus visés par une interdiction d’entrée au Canada. Et ils n’auront plus à aller dans un pays tiers pour un test de dépistage.
Le ministre Duclos a reconnu que cette mesure, qui aura duré environ trois semaines, n’aura pas fait l’unanimité.
«Nous sommes conscients du caractère controversé de ce type d’interdictions, mais nous estimons qu’elles étaient nécessaires pour ralentir l’arrivée du variant Omicron au Canada et nous faire gagner du temps. Compte tenu de la situation actuelle, cette mesure a joué son rôle et n’est plus nécessaire», a-t-il justifié.
Le variant Omicron est maintenant présent dans 77 pays à travers le monde.
M. Duclos a également présenté une mise à jour des tests de dépistage obligatoires aux différents aéroports canadiens.
La santé publique a été en mesure de passer d’une capacité de dépistage de 11 000 voyageurs aériens par jour en date du 30 novembre à 20 960 tests par jour en date du 16 décembre. L’objectif est toujours d’en arriver à 23 000 tests par jour d’ici quelques jours.
D’autres restrictions à venir?
Même à quelques jours du temps des Fêtes, le gouvernement fédéral n’hésitera pas à intervenir et à annoncer d’autres mesures si les cas d’Omicron continuent à grimper.
«À moins que la situation ne change et que nous n’ayons pas de nouvelles informations, on va continuer de faire des ajustements», a fait valoir le ministre Duclos en réponse à une journaliste.
Les administrateurs de la santé publique ont déclaré vendredi que 350 cas confirmés d’Omicron ont été rapportés dans 11 provinces et territoires.
Le chiffre réel est probablement beaucoup plus grand, puisque les criblages au Québec et en Ontario indiquaient en début de semaine que le variant constituait environ 20 % des nouveaux cas de COVID-19.
Les personnes vaccinées peuvent également être infectées par Omicron, et c’est pourquoi le ministre Duclos dit qu’il n’est pas exclu que d’autres restrictions s’appliquent pour celles-ci.
«On va voir au cours des prochains jours, probablement, dans les provinces et les territoires, des mesures qui vont s’étendre à des gens vaccinés pour lesquels d’anciennes mesures ne s’appliquaient pas», a-t-il dit.
Selon Dre Tam, la majorité des cas détectés d’Omicron sont asymptomatiques ou présentent des symptômes légers. Mais c’est parce qu’il circule, pour le moment, chez des personnes plus jeunes et moins à risque. «Nous n’avons pas vu Omicron se répandre dans les groupes plus à risque jusqu’à maintenant et nous espérons que ce ne sera pas le cas», s’est-elle avancée.
La docteure a cependant mis en garde contre un faux sentiment de sécurité qui pourrait amener les Canadiens à faire fi des nouvelles mesures sanitaires annoncées.
«Même si ce virus est relativement bénin, surtout comparé à Delta, il est tellement transmissible que même un faible taux de cas graves pourraient entraîner un taux d’hospitalisations qui pourrait submerger notre système de santé», a expliqué la Dre Tam.
Ottawa salue Québec
Le ministre Duclos a salué l’annonce du premier ministre du Québec, François Legault, qui avait la lourde tâche, jeudi, de reculer sur les rassemblements de 20 personnes promis à temps pour le temps des Fêtes.
«Je crois que l’annonce de M. Legault hier était difficile à faire et c’était la bonne chose à faire. Je pense que beaucoup de Québécois lui sont reconnaissants», a-t-il indiqué lorsqu’il a été appelé à réagir sur l’annonce de Québec.
La limite de personnes permises pour les rassemblements intérieurs restera à 10 personnes. Et la capacité d’accueil des restaurants, bars et salles de spectacles sera réduite à 50 % à compter de lundi.
«Comme M. Legault le disait, on n’est pas dans un concours de popularité. On a la responsabilité de dire les choses clairement pour que les gens puissent comprendre pourquoi on leur demande de prendre des actions qui ne sont pas agréables pour personne», a renchéri M. Duclos.
«Moi-même, je n’aime pas voir ce que je vois et entendre ce que j’entends, mais c’est important de le savoir tôt, comme on l’a fait au Québec hier, pour pouvoir non seulement changer les actions, mais aussi changer les attitudes par rapport à la situation qui s’en vient», a-t-il conclu.
Le Québec rapportait 3768 nouveaux cas de COVID-19, vendredi, alors que l’Ontario en recensait 3124.