Ontario: l’écart salarial entre préposés nuirait aux soins à domicile

TORONTO — Les efforts du gouvernement ontarien pour attirer des travailleurs dans les foyers de soins de longue durée durement touchés par la COVID-19 a conduit à une «déstabilisation» du côté du soutien à domicile, selon une association de prestataires de ces soins.

La présidente et cheffe de la direction de Home Care Ontario, Sue VanderBent, a fait part de préoccupations par rapport à un exode de main-d’œuvre, dimanche, au nom d’une cinquantaine de fournisseurs de soins à domicile.

Les préposés gagnent en moyenne 5 $ de l’heure de plus dans les foyers de soins de longue durée, indique-t-elle, et le taux auquel les préposés acceptent les affectations à domicile —  un indicateur clé des niveaux de prestation de services —  a chuté de près de 40% ces derniers mois.

Le secteur des soins de longue durée de la province a été dévasté par la pandémie. Des milliers de résidents ont perdu la vie et les effectifs se sont amenuisés de manière considérable.

La province a créé des incitatifs éducatifs et financiers dans le but de recruter et de retenir des milliers de préposés dans les établissements pour aînés. Selon Mme VanderBent, ces mesures, combinées à l’écart salarial, poussent des travailleurs à délaisser les soins à domicile.

«Cela signifie que lorsque nous demandons à notre personnel d’aller voir un patient, le PSSP (préposé aux services de soutien à la personne) dit: »Non, je ne suis pas intéressé par ce travail. » C’est du jamais vu», s’inquiète Mme VanderBent.

Selon une étude sur la dotation publiée par le gouvernement ontarien l’an dernier, les préposés des foyers de soins de longue durée gagnent un salaire horaire moyen de 22,69 $, comparativement à 17,30 $ pour les préposés aux soins à domicile.

Le groupe consultatif à l’origine de l’étude, composé d’universitaires et de dirigeants du secteur de la santé, exhortait les autorités à s’assurer que les mesures prises pour éviter des pénuries de personnel ne laissent personne de côté.

Mme VanderBent souligne que des patients aboutissent dans les hôpitaux déjà surchargés lorsque les soins à domicile appropriés ne sont pas disponibles. «Chaque Ontarien qui est allongé sur une civière à l’urgence en attendant d’être d’admis dans un lit d’hôpital était le patient de soins à domicile d’hier», fait-elle valoir.

Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré que le gouvernement de Doug Ford a inclus le secteur des soins à domicile dans ses efforts de recrutement, citant en exemple une initiative assortie d’une prime de 5000 $ qui a permis d’embaucher plus de 600 préposés, dont près de 200 pour les soins à domicile et en milieu communautaire.