Opitciwan sur le point de décréter l’état d’urgence psychosociale

MONTRÉAL — La petite communauté d’Opitciwan est plongée dans un grand deuil alors qu’une vague de suicides a fait deux victimes au cours des deux dernières semaines. Les services sociaux sont mobilisés et le chef du conseil s’apprête à déclarer l’état d’urgence.

À la suite d’une importante réunion impliquant les responsables des services sociaux ainsi que le conseil de bande, mercredi, le chef Jean-Claude Mequish a confirmé à La Presse Canadienne qu’il était sur le point de déclarer l’état d’urgence psychosociale à Opitciwan.

En entrevue téléphonique, il a dit attendre certaines informations des directeurs et directrices des services de santé et des services sociaux. Pour ajouter aux deux cas rapportés, d’autres jeunes ont posé des gestes suicidaires ou confié avoir eu des idées noires.

Une table d’urgence psychosociale a été mise sur pied tout juste avant les Fêtes à la suite d’un autre événement tragique, a fait savoir le chef du conseil. 

«On pensait que ça allait s’apaiser, mais la situation ne s’est pas amenuisée. Il y a eu d’autres tentatives», a-t-il déploré.

D’après les informations fournies par le chef Mequish, cette table de crise psychosociale serait intégrée au comité sur les mesures d’urgence créé pour faire face à la pandémie de COVID-19. Comme la communauté l’a fait en situation d’urgence sanitaire, elle pourrait adopter des mesures d’intervention rapide dans le but de prévenir d’autres drames.

Par ailleurs, comme sa petite équipe d’intervenants sociaux se trouve à bout de ressources, Opitciwan a lancé un appel à l’aide chez les autres communautés atikamekw. Des renforts vont ainsi pouvoir soutenir l’équipe en place épuisée. Deux personnes ont été envoyées de Wemotaci, deux autres de Manawan et une dernière a été prêtée par le Centre d’amitié autochtone de La Tuque.

Cette nouvelle vague de détresse rappelle de bien mauvais souvenirs au chef Mequish, qui relate des vagues de suicides survenues dans les années 1980, puis encore dans les années 2000. Le scénario semble malheureusement se répéter et les efforts sont déployés pour freiner la propagation des idées noires. 

Des interventions ont été effectuées à l’école et les autorités suivent le protocole d’urgence. De l’accompagnement est aussi offert aux familles et aux proches des victimes, mais dans une communauté de 2500 âmes, l’onde de choc atteint rapidement tout le monde.

«Tout le monde se connaît ici, tout le monde se côtoie», souligne Jean-Claude Mequish qui en est à la quatrième année de son mandat. «Il y a une lourdeur. Je ne m’attendais pas à vivre ça en tant que chef», a-t-il ajouté. 

Depuis quelques mois, la communauté organise des activités pour permettre aux jeunes de s’amuser, de se changer les idées et de sortir de leur village isolé au nord entre l’Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Des groupes de jeunes se trouveraient d’ailleurs actuellement dans la région de Québec.

Besoin d’aide?

Si vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider, partout au Québec, 24/7.

Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)

Texto : 535353

Clavardage, informations et outils : www.suicide.ca

https://www.espoirpourlemieuxetre.ca/

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