EDMONTON — Une douzaine de groupes écologistes et autochtones ont écrit au ministre fédéral de l’Environnement pour lui demander de forcer le gouvernement de l’Alberta à rétablir la surveillance environnementale dans l’industrie des hydrocarbures de la province.
La Régie de l’énergie de l’Alberta a annoncé il y a quelques semaines que les entreprises n’étaient plus tenues de respecter un large éventail d’exigences de surveillance environnementale, qui sont pourtant prévues dans leurs permis d’exploitation.
Ces suspensions comprennent des mesures touchant l’air, l’eau, le sol et la faune; la plupart n’ont pas de date d’échéance. La régie explique que la décision a été prise pour protéger les travailleurs et les communautés pendant la pandémie de COVID-19.
«Nous pensons que le gouvernement fédéral est interpellé», a déclaré Gillian Chow-Fraser, de la Société canadienne des parcs et espaces sauvages, l’un des groupes qui ont signé la lettre envoyée mardi à Jonathan Wilkinson.
Mme Chow-Fraser explique que les suspensions affecteront le parc national Wood Buffalo, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO en aval des sables bitumineux de l’Alberta. Or, les évaluations fédérales ont déjà reconnu que le parc était menacé et l’UNESCO a prévenu que le statut du parc pourrait être modifié si les problèmes environnementaux ne sont pas abordés dans un plan d’action fédéral.
Les signataires demandent au ministre Wilkinson d’exhorter l’Alberta à mettre fin aux suspensions et à enquêter sur leurs effets à Wood Buffalo. Ils veulent également qu’Ottawa retienne toute aide liée à la pandémie et destinée à l’industrie albertaine des hydrocarbures, jusqu’à la fin des suspensions.
Le bon vouloir du gouvernement
Les signataires comprennent l’Association des Métis de Fort Chipewyan, les Métis des Territoires du Nord-Ouest et la première nation de Smith’s Landing. Les groupes environnementaux comprennent notamment l’Alberta Wilderness Association. Le maire de Fort Resolution, dans les Territoires du Nord-Ouest, a également signé la lettre. D’autres nations de la région sont aussi en faveur.
Le cabinet du ministre Wilkinson n’était pas immédiatement disponible pour commenter, mercredi.
Dans un courriel envoyé mardi, la Régie de l’énergie de l’Alberta a déclaré que les suspensions pourraient être annulées dès le 15 août si les deux arrêtés des ministres de l’Énergie et de l’Environnement expiraient. La régie soutient que selon les chiffres fournis par l’industrie, entre 95 et 98 pour cent des réglementations environnementales demeurent en vigueur.
La régie rappelle aussi que le scientifique en chef de l’Alberta, Fred Wrona, croit que les suspensions ne nuiront pas à la qualité à long terme des données de surveillance de la province.
Mais selon Mme Chow-Fraser, on ne peut pas être à la merci du bon vouloir du gouvernement conservateur. «Il s’agit de suspensions très vagues. Il n’y a pas d’échéancier. Nous n’avons aucune certitude que ce ne sera pas six mois, un an.»
Plus tôt cette semaine, trois Premières Nations du nord de l’Alberta ont demandé la permission d’en appeler de la décision de la régie. Les Premières Nations soutiennent qu’elles n’ont pas été consultées, malgré les répercussions de cette suspension sur leurs droits issus de traités. Les Autochtones estiment également que les suspensions ont été décidées sans aucune justification quant aux risques liés à la COVID-19 — alors que les travaux se poursuivent sur les sites d’exploitation malgré la pandémie.