Ottawa corrige le tir sur les CHSLD et met en garde contre l’immunité collective

OTTAWA — Justin Trudeau rectifie ses propos, un jour après avoir évoqué la possibilité d’étendre la portée de la Loi canadienne sur la santé aux CHSLD.

«J’ai toujours dit que je n’avais aucune intention de m’ingérer dans les compétences des provinces», a-t-il dit samedi en réponse à une question de La Presse canadienne.

«Mais nous allons évidemment avoir des discussions avec les provinces sur comment on peut aider pour rétablir la situation dans le court terme et, dans le long terme, assurer un financement adéquat pour nos systèmes à travers le pays», a-t-il ajouté.

Ses commentaires de la veille avaient fait sourciller les premiers ministres du Québec et de l’Ontario, aux prises avec de nombreux morts dans les établissements de soins de longue durée.

Tant François Legault que Doug Ford ont plutôt réclamé davantage de transferts fédéraux en santé pour régler la situation.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a dit sur Twitter qu’il a parlé à M. Trudeau vendredi et qu’il lui a «suggéré de ne pas ouvrir un débat de juridiction et de reconnaître celles du Québec».

M. Blanchet a semblé satisfait par la mise au point du premier ministre canadien, samedi. «Ce correctif est sage et apprécié», a commenté le chef bloquiste.

Immunité collective

La notion d’immunité collective ne fait pas consensus au pays.

Si M. Legault a évoqué cette idée cette semaine en préparant les Québécois à son plan de déconfinement, les responsables de l’Agence de la santé publique du Canada ont rejeté cette idée.

«Ce n’est pas un concept qui devrait être soutenu», a déclaré sans détour l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam.

Son adjoint, le Dr Howard Njoo, a dit que les données les plus probantes démontrent que certaines personnes qui ont souffert du coronavirus ont en effet développé des anticorps.

«Mais ce qui n’est pas clair, à date, c’est si les anticorps donnent une immunité et pour combien de temps», a précisé le Dr Njoo.

Selon M. Trudeau, le message est passé auprès de ses homologues provinciaux, à qui il a parlé par téléconférence vendredi.

«Il n’y a pas personne qui se base sur l’immunité comme une mesure qui fait partie de la marche à suivre pour les prochains mois», a-t-il soutenu.

La Dre Tam ajoute qu’il est «prématuré» de parler de l’idée d’un «passeport immunitaire» pour permettre le libre-accès aux personnes ayant contracté le virus.

Matériel de protection

M. Trudeau a servi une mise en garde aux provinces qui commencent à annoncer leurs plans de déconfinement et aux entreprises songeant à relancer leurs activités.

«Un des critères pour commencer à rouvrir certaines industries va certainement être d’assurer qu’il a assez de matériel de protection individuelle pour pouvoir faire le travail de façon sécuritaire», a-t-il affirmé.

M. Trudeau se dit bien conscient que la demande pour les masques, blouses de protection et autres va «continuer d’accroître à travers le pays».

«C’est pour ça que, et au niveau de la production canadienne et au niveau de l’importation de l’extérieur, on est en train d’accroître nos capacités de façon significative», a-t-il dit.

Il a refusé de dire si le Canada dispose de suffisamment d’équipement à l’heure actuelle pour permettre une certaine réouverture de l’économie dans les prochaines semaines.

Jusqu’à maintenant, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick ont présenté leurs plans en ce sens. L’Ontario et le Québec devraient suivre dans les jours à venir.

De l’aide pour les pêcheurs

M. Trudeau a annoncé un investissement de 62,5 millions $ pour appuyer les transformateurs de poissons et de fruits de mer pendant la pandémie.

Ils pourront utiliser cet argent pour acheter de l’équipement de protection personnelle pour leurs travailleurs, adapter leurs protocoles sanitaires et appuyer d’autres mesures de distanciation sociale, a précisé M. Trudeau.

Ces fonds pourront aussi être utilisés pour acheter des réfrigérateurs ou de l’espace de rangement pour entreposer leurs produits, a-t-il ajouté.

Les agences de développement régional du Canada seront responsables de distribuer l’argent aux différentes régions du pays.

Congé dimanche

Il n’y aura pas de conférence de presse dimanche à Ottawa, tant pour M. Trudeau que pour ses ministres.

Il s’agira de la deuxième fois que tous font relâche depuis le début de la crise, l’autre journée étant la journée de Pâques.

Nombre de cas

Il y a eu plus de 670 000 tests administrés au Canada jusqu’à maintenant. La proportion de tests positifs ayant décelé la COVID-19 demeure près de 7 pour cent, selon l’Agence de la santé publique du Canada.

Ces tests ont décelé 45 354 cas confirmés et probables. La COVID-19 a provoqué la mort de 2465 Canadiens.

Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 23 267 cas au Québec, dont 1446 décès; 13 995 cas en Ontario, dont 811 décès; 4233 cas en Alberta, dont 73 décès; 1948 cas en Colombie-Britannique, dont 100 décès; 865 cas en Nouvelle-Écosse, dont 22 décès; 349 cas en Saskatchewan, dont quatre décès; 267 cas au Manitoba, dont six décès; 257 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 118 cas au Nouveau-Brunswick; 26 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, dont 24 déjà guéris; 11 cas au Yukon; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun cas au Nunavut.

À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.