OTTAWA — Le ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, Jonathan Wilkinson, a déposé jeudi un projet de loi visant à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
Ce projet de loi vise à forcer le gouvernement fédéral à fixer des cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada à tous les cinq ans, à compter de 2030. Il devra faire rapport de ses progrès au Parlement à chaque étape.
Il est prévu que le ministre Wilkinson présente un plan de réduction d’émissions pour 2030 dans les six à neuf mois suivant l’entrée en vigueur de la loi-cadre.
S’exprimant lors d’une conférence de presse au centre-ville d’Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau s’est réjoui que son gouvernement réponde à un engagement pris lors de la dernière campagne électorale.
«Chose promise, chose due. En plus de mettre sur pied des mesures pour arriver à cet objectif de manière transparente, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité sera une étape fondamentale vers une relance durable et une économie compétitive à long terme», a-t-il déclaré.
Dans une séance d’information technique, des fonctionnaires ont confirmé que le projet de loi ne prévoit pas de mesures contraignantes ni de sanctions si le gouvernement fédéral n’atteint pas les cibles qu’il s’est fixées en matière de réduction des GES.
Selon le premier ministre, le véritable test aura lieu au moment de se rendre aux urnes.
«On est dans une démocratie et, ultimement, ce sera aux Canadiens de continuer à choisir des gouvernements qui sont sérieux dans la lutte aux changements climatiques et qui vont être redevables devant la population à tous les cinq ans», a renchéri M. Trudeau.
Les partis d’opposition n’ont pas tardé à réagir au dépôt du projet de loi attendu depuis plus d’un an.
La cheffe du Parti vert du Canada, Annamie Paul, reproche au gouvernement d’attendre, encore, avant de fixer une cible de réduction des gaz à effet de serre pour 2030. Elle soutient que son parti ne votera pas en faveur de ce projet de loi dans sa forme actuelle.
«Nous n’avons pas vu un plan qui est crédible et c’est très décevant de voir le gouvernement ne pas saisir cette opportunité», a réagi Mme Paul.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est à peu près du même avis.
«C’est un timide pas dans la bonne direction. (…) Mais non, ce n’est pas suffisant et nous allons continuer de pousser les libéraux pour l’amender pour que nous ayons une cible dans cinq ans, pour que nous ayons une vraie reddition de comptes», a déclaré la députée Laurel Collins.
Le Bloc québécois a pour sa part accusé les libéraux de tenir un double discours sur l’environnement.
«Au-delà des belles paroles, il y a les actions. Le gouvernement dépose son projet de loi pour lutter contre les changements climatiques, mais pendant ce temps-là, il promet de faire pression sur Joe Biden pour protéger le pipeline de pétrole sale Keystone XL», a ironisé Kristina Michaud.
Les conservateurs, eux, se sont inquiétés des répercussions économiques du futur plan de réduction de gaz à effet de serre.
«Justin Trudeau doit être transparent (…). Les Canadiens craignent qu’il augmente considérablement les taxes sur le carbone, et ils s’inquiètent des répercussions sur le prix de l’essence, de l’épicerie et du chauffage résidentiel», a indiqué Dan Albas, dans une déclaration écrite.