OTTAWA — Le directeur parlementaire du budget (DPB) affirme que le gouvernement fédéral devra augmenter les enveloppes prévues pour fournir de l’eau potable aux Premières Nations.
Le rapport d’Yves Giroux admet d’une part que le gouvernement a mis de côté suffisamment d’argent pour construire des systèmes d’aqueduc et d’égout au cours des cinq prochaines années.
Par contre, le gouvernement échoue dans son soutien financier pour l’exploitation de ces systèmes, ce qui, selon le DPB, nécessiterait un financement fédéral supplémentaire de 138 millions $ par année.
La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a déclaré que le gouvernement a l’intention de combler cet écart.
Le directeur parlementaire du budget (DPB) estime qu’un faible taux d’investissement ou un retard important dans la réalisation des investissements pourrait se traduire par une détérioration plus rapide des systèmes, et donc d’une augmentation de la facture et des risques d’interruption de service.
Lors de la campagne électorale en 2015, les libéraux avaient promis de mettre fin à tous les avis d’ébullition de l’eau dans les communautés autochtones au cours des cinq années suivant leur élection, un échéancier qui aurait donc dû être respecté cette année.
Mais le gouvernement a admis l’an dernier que cet objectif ne serait pas atteint, invoquant notamment la pandémie et l’éloignement de ces communautés, entre autres facteurs.
Les derniers chiffres fédéraux montrent que 119 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable ont été levés depuis novembre 2015, et 43 demeurent en vigueur dans 31 communautés dotées de systèmes soutenus par le gouvernement fédéral.
«Nous devons être honnêtes avec nos échéanciers envers les Canadiens qui cherchent des réponses», a déclaré le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller. «Mais derrière tout cela se cache la détermination de ce gouvernement à continuer d’investir dans l’eau et les biens essentiels des collectivités.»
Il a également déclaré que les solutions locales pour former les Autochtones à gérer chez eux des usines de traitement des eaux et travailler avec les Premières Nations sur des plans sont aussi importantes que le financement.
Le rapport du DPB note également que la part des systèmes d’approvisionnement en eau jugés à risque «élevé» ou «moyen» – ce qui signifie qu’il est peu probable qu’ils parviennent à surmonter des pépins – est restée pratiquement inchangée depuis 2015, malgré le fait que les dépenses fédérales annuelles ont plus que doublé au cours de cette période.
Le gouvernement explique qu’il faut du temps pour améliorer les systèmes — des années, dans certains cas, pour planifier, concevoir et construire.
Jamie Schmale, le porte-parole conservateur dans ce dossier, a déclaré que le gouvernement devrait examiner toutes les solutions et idées alternatives pour mettre fin aux avis à long terme sur la qualité de l’eau potable, bien que sa déclaration n’ait fourni aucun détail.
«Le succès ne se mesure pas par les annonces de financement et les promesses électorales, il se mesure par les résultats», a déclaré Jamie Schmale.
La porte-parole du NPD, Lori Idlout, a indiqué que sans un financement adéquat pour le fonctionnement et l’entretien, les collectivités perdraient l’accès à l’eau potable lorsque l’infrastructure tomberait en panne et a souligné son expérience sur le terrain.
« Dans ma circonscription du Nunavut, la ville d’Iqaluit est privée d’eau potable depuis sept semaines. Si cela se produisait dans une ville comme Vancouver ou Toronto, le problème aurait été résolu immédiatement », a-t-elle déclaré dans un communiqué en soulignant que «les libéraux doivent faire mieux.»