Ottawa met en place son gel de la vente, d’achat et de transfert d’armes de poing

Ottawa a annoncé vendredi l’entrée en vigueur immédiate du gel de la vente, de l’achat et du transfert des armes de poing.

«Nous avons récemment encore vu trop d’exemples de tragédies horrifiques impliquant des armes à feu», a dit le premier ministre Justin Trudeau durant une conférence de presse dans la région de Vancouver, en Colombie-Britannique.

Il a félicité son gouvernement pour l’implantation du gel d’abord annoncé en mai. «C’est une des mesures les plus fortes qui ont été prises pour augmenter le contrôle des armes à feu depuis une génération», a-t-il soutenu.

À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a maintenu que l’adoption du projet de loi C-21 – avec lequel l’intention d’un gel national sur les armes de poing a été dévoilée – était nécessaire.

«Nous devons passer cette loi aussi rapidement que possible, a-t-il insisté. Cela va non seulement renforcer le gel national sur les armes de poing, mais aussi donner des outils additionnels aux forces de l’ordre pour qu’elles s’attaquent au crime organisé et aux criminels endurcis qui terrorisent nos communautés.»

En présentant son projet de loi C-21, le gouvernement Trudeau avait aussi promis un éventuel gel de l’importation d’armes de poing. Cette interdiction est déjà en vigueur depuis août.

Le projet de loi C-21 prévoit aussi le retrait de permis d’armes à feu à des personnes qui commettent des actes de violence conjugale.

Concernant le gel qui est entré en vigueur vendredi, le ministre Mendicino avait déposé des changements par voie réglementaire au même moment de présenter le projet de loi C-21. Il avait fait savoir que le processus prenait un certain temps, ce qui signifiait une implantation cet automne.

Le reste des mesures prévues au projet de loi requiert donc toujours l’approbation du Parlement pour devenir réalité. Le projet de loi est présentement à l’étude au comité de la sécurité publique de la Chambre des communes.

Ottawa a aussi promis de lancer, d’ici la fin de l’année, un programme de rachat obligatoire pour les quelque 1500 modèles et variantes d’armes à feu de type d’assaut, comme le AR-15, qui ont été bannis.

Lorsqu’appelé à indiquer si de nouveaux modèles pourraient être ajoutés à la liste de ceux qui seront inclus dans le programme de rachat, M. Mendicino a répondu que les possibilités étaient évaluées par les membres du comité.

Le premier ministre Trudeau a pour sa part accusé des premiers ministres provinciaux conservateurs de faire de la petite politique en s’opposant au programme de rachat. «Leurs propositions et leurs objections (…) ne vont que rendre ça plus difficile pour ceux qui sont actuellement propriétaires de ces armes (…) d’être compensés pour ces armes qu’il est maintenant illégal d’acheter, de vendre ou d’utiliser.»

Les représentants du gouvernement fédéral ont par ailleurs eu des mots durs envers toute tentative d’amender le projet C-21 afin d’y élargir la portée d’exemptions au gel sur les armes de poing, prévues pour des tireurs sportifs de haut niveau.

Appelé à réagir aux pressions exercées en ce sens, le ministre de la Justice, David Lametti, les a dénoncées durant un point de presse à Montréal.

«C’est inquiétant, même choquant, de voir une tentative pour réduire l’ampleur de ce projet de loi, pour donner plus d’espace aux armes de poing», a-t-il dit.

M. Lametti a ajouté qu’Ottawa n’avait «rien contre les vrais sportifs» et avait donc prévu des exemptions appropriées à cet effet.