Ottawa ouvre la porte à un TGF «hybride» plus rapide entre Toronto et Québec

MONTRÉAL — Le gouvernement fédéral demeure convaincu qu’un train à grande fréquence (TGF) est la meilleure option pour desservir le couloir entre Toronto et Québec. Toutefois, si des entreprises privées sont en mesure d’accélérer les temps de parcours sur certains tronçons, Ottawa tendra l’oreille. 

Tel que proposé initialement, le projet de TGF doit voir des trains circuler jusqu’à 200 km/h entre Toronto et Québec, en passant par Montréal, Trois-Rivières et d’autres municipalités du Québec et de l’Ontario, dès le début de la décennie 2030. 

Des départs seraient ajoutés par rapport au service actuel et le parcours serait plus rapide. Par exemple, la liaison Montréal-Toronto serait assurée en 4 h 10, soit un gain de 55 minutes par rapport au service actuel. 

Or, depuis l’annonce du projet, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer un projet de train à grande vitesse (TGV) plutôt qu’un TGF. La Ville de Québec et le gouvernement du Québec ont notamment affirmé qu’ils préféreraient un TGV, qui serait un moyen plus attractif pour convaincre les automobilistes de délaisser leur voiture pour utiliser le train, selon eux. 

En point de presse vendredi matin à la Gare Centrale de Montréal, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, a maintenu que le projet de TGF demeurait la meilleure option, mais il a lancé un «défi» au secteur privé. 

«Nous sommes ouverts à avoir des trains du TGF qui vont plus vite que 200 km/h, a mentionné le ministre Alghabra. Mais on doit attendre de voir ce que nos partenaires du secteur privé vont proposer. S’il y a une proposition qui permet d’avoir des trains qui vont encore plus vite, nous allons la considérer.» 

Il a toutefois posé deux conditions: les propositions devront respecter les budgets alloués et ne délaisser aucune communauté incluse dans le projet initial. «Il faut que ça ait du sens économiquement», a-t-il précisé. 

Le ministre a ouvert la voie à des trains plus rapides alors qu’il annonçait que le projet de TGF entrait dans une nouvelle phase, soit la demande de qualification. Des entreprises pourront donc soumettre leur proposition pour participer à la construction du TGF, qui est réalisé en partenariat avec VIA Rail. 

Si ces entreprises devront avant tout prouver qu’elles seront en mesure de répondre aux exigences minimales du projet, soit des trains qui vont jusqu’à 200 km/h et qui permettent d’assurer les liaisons dans les délais promis par Ottawa, elles pourront aussi identifier les tronçons où la disposition des rails permettrait d’aller plus vite. 

Le maire de Québec satisfait 

Peu de temps après le point de presse du ministre Alghabra, le maire de Québec, Bruno Marchand, a parlé de l’ouverture à des trains plus rapides comme une «belle avancée». 

«Nous en parlons depuis des mois avec les ministres du gouvernement et Justin Trudeau. Un meilleur corridor Québec-Toronto ouvre la porte à tellement d’avantages. Notre ville a tout à gagner avec un TGV. Nous souhaitons faire partie de la solution», a-t-il écrit sur Twitter. 

Le gouvernement fédéral a bien ouvert la porte à des trains plus rapides, mais il s’est montré prudent avant de parler d’un TGV, dont les trains peuvent atteindre les 300 km/h, vantant plutôt les mérites du TGF. 

«Ce projet offre énormément de choses: plus de rapidité, de la fiabilité, plus de départs… Et on explore la possibilité d’aller plus vite, mais il faut aussi tenir en compte certains objectifs qu’on a de connecter certaines communautés comme, par exemple, Trois-Rivières et Peterborough», a précisé le lieutenant pour le Québec du gouvernement libéral, Pablo Rodriguez. 

«Ce qu’on attend de ce processus, c’est de consulter ce qui se fait de mieux dans le secteur privé, consulter les plus gros cerveaux qu’on a ici et ailleurs et voir comment tout ça pourrait se faire dans un contexte où on pourrait avoir des sections qui sont beaucoup plus rapides.» 

Le processus d’évaluation des propositions du secteur privé, qui est divisé en phases plus techniques, doit s’échelonner jusqu’à l’été 2024. 

Le projet était initialement évalué entre 6 et 12 milliards $, mais le ministre Alghabra s’est rétracté par la suite, parlant plutôt d’un projet de «milliards de dollars» sans évoquer de chiffre précis. 

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