OTTAWA – Le Canada peut entretenir de forts liens avec la Chine sans mettre en péril sa relation avec les États-Unis, estime le nouvel ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, qui était jusqu’à tout récemment ministre fédéral de l’Immigration.
Il juge toutefois qu’il est trop tôt pour dire si le Canada pourrait être rattrapé, au détour, par une guerre commerciale entre les deux puissances économiques.
Le nouveau président américain, Donald Trump, a menacé d’imposer des sanctions économiques contre la Chine, accusant ce pays d’Asie de détruire l’économie américaine. Si la Chine riposte, certains craignent qu’une dispute autour des tarifs douaniers apporte aussi son lot de problèmes à l’économie canadienne.
Mais M. McCallum souligne que personne ne sait quelle tournure prendront les relations sino-américaines dans les prochaines semaines et mois, et en particulier lui-même, qui restera au Canada jusqu’à son entrée en fonctions, au printemps.
Son mandat sera de se concentrer sur les liens entre le Canada et la Chine pendant que d’autres se pencheront sur les interactions canado-américaines, a-t-il dit.
Ni l’une ni l’autre de ses relations ne devrait être mise à mal, estime l’ex-ministre canadien.
«Nous sommes capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps», a-t-il lancé, imageant ainsi un équilibrage possible des deux relations.
Selon le chercheur Dan Ciurak, du Centre de la gouvernance internationale en innovation, le Canada doit travailler sur le long terme tant avec les États-Unis que la Chine.
L’élection de Donald Trump et les mouvements populistes qui semblent prendre de l’ampleur ailleurs dans le monde laissent présager que l’actuel modèle de mondialisation doit laisser place à autre chose, a dit celui qui a aussi été économiste en chef adjoint au ministère des Affaires étrangères.
«Les éléments qui relèvent des relations internationales à ce niveau seront très délicats, mais l’administration Trump a déclaré très fermement (qu’elle privilégierait) l’Amérique avant tout» a-t-il souligné, ajoutant que tout pays devra surveiller ses propres intérêts dans ce contexte, y compris le Canada.
M. McCallum rejoint les rangs diplomatiques après avoir été député pendant 16 ans et avoir eu sous sa responsabilité plusieurs portefeuilles. En tant que ministre de l’Immigration, il a dû coordonner l’accueil de plus de 25 000 réfugiés syriens au Canada en l’espace de quelques mois.
Les liens plutôt forts avec la communauté sino-canadienne de John McCallum — sa femme est Chinoise et il a représenté une circonscription de la région de Toronto habitée à 35 pour cent par des Chinois — ont pesé dans la balance de la décision du premier ministre Justin Trudeau de lui confier le poste d’ambassadeur du Canada en Chine.