Ottawa promet que la relance mettra l’emplase sur les personnes les plus touchées

OTTAWA — Corriger les inégalités sociales et économiques qui ont laissé les femmes, les jeunes et les Canadiens racisés subir les plus grandes difficultés économiques causées par la pandémie de COVID-19 est une priorité absolue pour la relance, a insisté le ministre des Finances, Bill Morneau.

M. Morneau a présenté mercredi un «portrait» des finances fédérales pour la première fois depuis que la pandémie a frappé de plein fouet une grande partie de l’économie canadienne.

Il a soutenu que le gouvernement est bien conscient que certains groupes de la population souffrent plus que d’autres.

«Cette crise a révélé et amplifié de nombreuses inégalités au Canada», a résumé M. Morneau.

Dans de nombreux cas, les mêmes personnes ont également été davantage touchées par le virus lui-même, en partie parce que les femmes, les nouveaux immigrants, les Canadiens racisés et les autochtones sont plus susceptibles d’occuper les emplois où la contagion est un risque, comme dans les soins de santé, la vente au détail et le travail en entrepôt.

Les documents prennent soin de noter que même si les Canadiens racisés sont plus susceptibles de travailler dans des secteurs économiques durement touchés par le virus — y compris dans les soins de santé, l’hébergement et la restauration — peu de données ont été recueillies pour vraiment comprendre l’impact sur les minorités visibles et les autres communautés marginalisées.

Par exemple, il n’y a pas de ventilation raciale des personnes qui ont demandé la prestation canadienne d’urgence.

De plus, peu de données ont été recueillies sur l’origine ethnique des cas de COVID-19. Un récent rapport de Santé publique Ottawa a révélé que les deux tiers des cas au cours des six dernières semaines confirmés sur son territoire étaient des Canadiens racisés ou de nouveaux immigrants, mais ce rapport était de portée limitée et pour une seule ville.

Le portrait économique mentionne que les femmes, les jeunes, les travailleurs à faible salaire, les Canadiens racisés, les autochtones et les nouveaux immigrants ont tous connu des taux plus élevés de perte d’emploi ou de réduction des heures de travail, et n’observent peu, voire aucun, effet positif du redémarrage de l’économie.

Les secteurs dominés par les hommes, tels que la construction et la fabrication, ont repris plus rapidement leurs activités que ceux des industries de services, du tourisme et de l’hébergement, où les femmes et les immigrants ont tendance à être employés en plus grande proportion.

Les Néo-Canadiens en particulier ont jusqu’à présent été très peu nombreux à retrouver leur emploi, selon le rapport.

Les entreprises appartenant à des femmes et à des Canadiens racisés étaient plus susceptibles de déclarer une baisse des commandes et du nombre de clients et un besoin accru d’allégement du loyer.

Les femmes ont également été plus durement touchées par la fermeture des écoles et des garderies. Celles qui ont des enfants de moins de six ans ont connu des baisses beaucoup plus importantes des heures travaillées que les femmes sans enfants ou plus âgées.

«À l’avenir, tout ce que nous faisons doit être axé sur la croissance, la résilience et la création d’opportunités pour ceux qui ont été les plus touchés par cette crise», a déclaré M. Morneau.

«Cette pandémie a identifié des lacunes claires et elle nous donne une chance de les corriger.»

La façon exacte dont le ministre prévoit faire cela n’est pas claire. Le gouvernement a précisé qu’une partie de l’aide de 14 milliards $ offerte aux provinces pour les aider à relancer leur économie en toute sécurité doit inclure des investissements dans les services de garde.

«Nous avons été très clairs sur le fait que l’accès aux services de garde sera extrêmement important pour le retour au travail, a déclaré M. Morneau lors d’une conférence de presse. Les femmes ont été plus durement touchées au cours de cette pandémie et nos mesures doivent donc tenir compte de ce défi.»

Mais un mois après qu’Ottawa ait mis les 14 milliards $ sur la table, les provinces n’ont pas encore accepté les exigences d’Ottawa pour avoir accès à cet argent.

Peu d’informations ont aussi été communiquées sur la façon dont le gouvernement entend essayer de niveler les règles du jeu économiques afin de combler les écarts qui ont conduit aux inégalités durant la pandémie.

M. Morneau a affirmé que pour l’instant, le gouvernement se concentre sur le redémarrage sécuritaire de l’économie et que le plan de relance à plus long terme est toujours en cours d’élaboration.