OTTAWA — Reconnaissant que certains travailleurs auront épuisé leurs semaines de prestations à la fin du mois de mars, le gouvernement fédéral a annoncé vendredi qu’il souhaitait notamment ajouter 12 semaines supplémentaires de soutien du revenu pour les chômeurs et les parents avec des enfants à la maison en raison de la pandémie.
Ottawa ferait donc passer de 26 à 38 le nombre maximum de semaines offertes pour la Prestation canadienne de la relance économique, qui aide les chômeurs, et la Prestation canadienne de la relance économique pour proches aidants, qui aide beaucoup les parents dont les enfants restent à la maison.
Le premier ministre Justin Trudeau a aussi annoncé vendredi que la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique passerait de deux à quatre semaines. Cette prestation permet aux travailleurs, dont certains n’ont pas de congés de maladie, de rester à la maison s’ils se sentent malades ou doivent s’isoler à cause de la COVID-19.
Enfin, l’admissibilité à l’assurance-emploi est également allongée, de 24 semaines, ce qui permettrait aux Canadiens admissibles de demander jusqu’à 50 semaines de prestations, plutôt que les 26 proposés par les libéraux lorsque le système a redémarré à la fin de septembre.
«Au bord de l’abîme»
Le gouvernement libéral a fait cette annonce vendredi alors que la veille, des syndicats et des associations de défense des chômeurs tiraient la sonnette d’alarme: les Canadiens qui reçoivent des prestations d’assurance-emploi ou des prestations d’urgence commenceront à atteindre le maximum de leurs semaines d’admissibilité aux programmes à la fin du mois de mars, alors que les perspectives d’emploi au pays ne sont pas très roses, voire inexistantes.
Les syndicats demandaient au gouvernement fédéral de prolonger le soutien du revenu des personnes en chômage «au moins jusqu’à la fin de 2021», sans quoi ces Canadiens «atteindront bientôt le bord de l’abîme».
«Il faudra du temps pour que le Canada rétablisse son taux d’emploi, soutenait ainsi Hassan Yussuff, président du Congrès du travail du Canada. Le gouvernement fédéral doit agir dès maintenant pour s’assurer que les travailleurs et les travailleuses arrivent à se nourrir et à subvenir à leurs besoins essentiels.»
Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) a salué, vendredi, la prolongation des mesures de soutien du revenu. «C’était nécessaire, étant donné que la crise sanitaire et économique est encore loin d’être terminée. C’est une réponse adéquate et responsable à la crise», a estimé Pierre Céré, porte-parole du CNC.
«Il faut maintenant agir de manière plus large pour renouveler le programme d’assurance-emploi: une réforme permanente est possible et nécessaire, pour un régime plus juste, plus accessible et mieux adapté aux nouvelles réalités.»
Hassan Yussuff, du CTC, a de son côté estimé que l’extension ne serait peut-être pas suffisante pour passer à des jours meilleurs. Selon lui, les libéraux devront peut-être revoir ce plan comme ils l’ont fait à plusieurs reprises l’année dernière avec la défunte Prestation canadienne d’urgence.
«Cette crise n’est pas terminée»
Le marché de l’emploi au Canada a reculé en décembre et en janvier, les confinements ayant ramené les taux de chômage à leur niveau d’août, avec une perte de 858 300 emplois par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.
Les chiffres les plus récents du gouvernement montrent qu’Ottawa a versé plus de 11,6 milliards $ pour les trois prestations mises en place à l’automne pour remplacer la PCU. Une somme supplémentaire de 13,5 milliards $ a été consacré aux prestations d’assurance-emploi régulières, que touchent environ deux millions de Canadiens. Cela n’inclut pas les avantages spéciaux comme le congé parental. Le gouvernement évalue le coût de l’extension des prestations à 6,7 milliards $, plus 5,4 milliards $ pour l’assurance-emploi.
«Cette crise n’est pas terminée. Notre soutien à tout le monde non plus», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse pour annoncer les changements, vendredi.
L’extension des «prestations à la relance» peut se faire par le biais d’un règlement, mais les changements à l’assurance-emploi doivent être adoptés par le processus législatif au Parlement. Et une fois les changements apportés, les gouvernements provinciaux devraient mettre à jour les règles de protection des travailleurs pour tenir compte des semaines supplémentaires de prestations.