Ottawa voudrait moderniser ses systèmes informatiques de prestations sociales

OTTAWA — Le gouvernement fédéral s’apprête à revoir en profondeur tous ses systèmes informatiques qui gèrent actuellement les vastes programmes de couverture sociale — mais de façon graduelle, pour éviter notamment d’embarrassants fiascos comme celui de Phénix.

Des documents internes révèlent que les hauts fonctionnaires souhaitent parvenir à moderniser, d’ici huit ans, tous les systèmes qui s’occupent des prestations d’assurance emploi, des pensions de vieillesse et du Régime de pensions du Canada. Ces trois programmes ont totalisé plus de 105 milliards $ au cours de l’exercice terminé en mars 2016.

Avec cet échéancier de huit ans, Ottawa semble vouloir éviter la précipitation qui a peut-être été responsable des ratés du système de paie des fonctionnaires fédéraux Phénix, notamment.

Les hauts fonctionnaires semblent vouloir privilégier cette fois l’étapisme, une stratégie «plus appropriée et plus prudente pour une initiative de cette ampleur», lit-on dans des documents préparés pour une réunion entre des responsables de Services partagés Canada et ceux du ministère de l’Emploi, du Développement de la main-d’oeuvre et du Travail, en octobre.

La Presse canadienne a obtenu le document de présentation grâce à la Loi sur l’accès à l’information.

Le ministère n’a toujours pas chiffré les coûts totaux de ce vaste projet; dans son budget de mars, le gouvernement a accordé à ce ministère une enveloppe de 12,1 millions $ cette année pour cette initiative.

Si l’échéancier est large, l’urgence d’agir, elle, semble réelle. De nombreux systèmes, parfois disparates ou bricolés, s’occupent de l’assurance emploi, des pensions de vieillesse et du Régime de pensions du Canada. Certains de ces systèmes ont été mis en place il y a plus de 40 ans, ont été étirés jusqu’à leur extrême limite technologique et sont sur le point d’être complètement obsolètes, prévenait un jour le vérificateur général.

Ottawa aimerait dénicher dans le privé un produit qui pourrait accomplir toutes les tâches, d’un bout à l’autre de la chaîne bureaucratique. Ce système devrait aussi être convivial pour le citoyen, afin de libérer les fonctionnaires pour régler des dossiers plus complexes.

La modernisation des systèmes informatiques devrait permettre aussi de déceler plus rapidement les fraudes et les erreurs, espère-t-on au gouvernement.