QUÉBEC — La campagne de vaccination n’a pas ralenti au lendemain de l’annonce du décès d’une Québécoise de 54 ans ayant reçu le vaccin AstraZeneca.
C’est ce qu’a rapporté mercredi le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors de l’étude des crédits de son ministère.
Il était interrogé par la porte-parole libérale en santé, Marie Montpetit, qui voulait savoir si la mort tragique de Francine Boyer avait eu un effet sur la prise de rendez-vous.
Dans tel cas, le gouvernement devait prendre des moyens pour rassurer la population, selon la députée.
«On a près de 12 000 rendez-vous de pris aujourd’hui avec AstraZeneca, donc on est à peu près au niveau normal qu’on a connu dans les derniers jours», a répondu M. Dubé.
Sa sous-ministre, Dominique Savoie, a affirmé avoir écoulé «plus de 80 % des doses d’AstraZeneca qu’on avait à notre disposition».
«On n’a pas remarqué de baisse dans la prise de rendez-vous», a-t-elle ajouté.
Plus tôt, le chef parlementaire du Parti québécois (PQ) s’était inquiété que la mort de Mme Boyer marque un «tournant» dans la campagne de vaccination.
Pascal Bérubé avait dit craindre que ce décès n’effraie les Québécois; plusieurs de ses commettants dans Matane-Matapédia ne voulaient plus du vaccin AstraZeneca.
C’est un point tournant («game changer»), a-t-il dit en anglais.
Il suggérait de mettre sur pied une campagne d’information afin d’apaiser les craintes des Québécois.
«Qui peut nous rassurer? Bien, les scientifiques, en disant: « Voici la loterie, voici le taux de complications possibles. (…) Soyez attentifs après l’admission du vaccin »», a-t-il déclaré.
Depuis le début, l’AstraZeneca a été «difficile à vendre», a poursuivi l’élu péquiste. «Et là, quelqu’un est mort. (…) C’est un gros problème.»
«C’est difficile de convaincre un quinquagénaire de se faire vacciner avec l’AstraZeneca, quand une personne du même âge est morte au Québec. Ce n’est pas de la bonne publicité.»
Le gouvernement fait face à un «défi», a renchéri le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), André Fortin.
«Lorsque tu te rends à la clinique de vaccination, tu t’attends à être protégé. (…) Il y a des gens qui ont des craintes par rapport à ce vaccin-là, et on ne peut pas simplement les mettre de côté, les ignorer.
«Il y a un devoir d’informer, tant au niveau des bénéfices qu’au niveau des risques.»
La co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, qui est âgée de 57 ans, a affirmé pour sa part avoir reçu l’AstraZeneca.
«Je me porte bien, a-t-elle dit. Je ne crois pas que le risque zéro existe. Mais (…) zéro vaccin, bien ça, c’est l’augmentation du virus, c’est certain.»
Un cas sur 100 000
Francine Boyer est décédée vendredi d’une thrombose cérébrale à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal. Elle avait reçu une première dose du vaccin AstraZeneca le 9 avril.
Au cours des jours qui ont suivi, Mme Boyer a ressenti une grande fatigue accompagnée de maux de tête.
Elle s’est alors rendue à l’hôpital le plus près, puis, comme sa condition se dégradait, elle a été transférée à l’Institut-hôpital neurologique de Montréal, indique un communiqué.
La famille de Mme Boyer a dit encourager les personnes qui reçoivent un vaccin à «rester alertes quant aux symptômes ou réactions inhabituelles et à communiquer avec Info-Santé (811) en cas de doute».
Trois autres personnes sont sous surveillance au Québec, ayant éprouvé elles aussi des problèmes de santé possiblement reliés à la prise de ce vaccin.
Malgré cela, dans une optique de coût-bénéfice, le vaccin AstraZeneca demeure fiable, a soutenu mardi le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.
M. Dubé a également voulu se faire rassurant, en affirmant que 400 000 personnes avaient déjà reçu le vaccin AstraZeneca au cours des dernières semaines.
Québec savait que le risque de provoquer une thrombose cérébrale en injectant ce vaccin était d’un cas sur 100 000.