La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) soutient qu’elle veut être transparente sur la collecte de fonds pour soutenir les efforts de réconciliation — et elle a nommé trois Autochtones pour superviser l’initiative.
Les évêques canadiens s’étaient engagés l’an dernier à amasser 30 millions $ d’ici cinq ans dans ses 73 diocèses au pays. L’Église catholique a subi des pressions pour indemniser correctement les survivants, en vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, lorsqu’on a appris que moins de 5 millions $ avaient été recueillis sur un objectif de 25 millions $.
Le chef Wilton Littlechild, un survivant des pensionnats, est un avocat qui a été commissaire auprès de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Il sera l’un des directeurs du Fonds de réconciliation avec les Autochtones, de l’Église catholique.
Les autres directrices sont Giselle Marion, une avocate autochtone des Territoires du Nord-Ouest, et Rosella Kinoshameg, une infirmière odawa-ojibway du territoire de la Première Nation non cédée de Wikwemikong, en Ontario. Mme Kinoshameg fait déjà partie du Conseil autochtone de la Conférence des évêques.
La CECC souhaiterait qu’il y ait quatre priorités à l’occasion de la distribution de l’argent: la guérison et la réconciliation des communautés et des familles; la revitalisation de la culture et de la langue; l’éducation et le développement communautaire; et le renforcement du dialogue pour promouvoir la spiritualité et la culture autochtones.
Les administrateurs du Fonds devront publier des rapports annuels et seront soumis à un audit par un cabinet comptable indépendant chaque année, a indiqué la CECC.
«Les évêques du Canada sont résolus à faire la lumière sur les traumatismes historiques et actuels causés par le système des pensionnats, a indiqué le président de la CECC, Raymond Poisson, dans un communiqué. Nous nous engageons dans une démarche financière collective et nous nous laisserons guider par l’expérience et la sagesse des peuples autochtones du pays.»
Dans le communiqué, les évêques reconnaissent que la précédente campagne de financement liée à la Convention avait «suscité beaucoup de déception». La CECC n’a pas été signataire de cette Convention, mais reconnaît «les lacunes de cette campagne» et en tire «d’importantes leçons».
Des églises et des diocèses individuels avaient créé une corporation en 2006 et pris trois engagements: des indemnités en espèces de 29 millions $, des services d’une valeur de 25 millions $ et une campagne «meilleurs efforts» pour recueillir 25 millions $ sur sept ans (jusqu’en 2013) pour la guérison et la réconciliation. Or, cette dernière campagne a rapporté moins de 4 millions $. Le gouvernement fédéral a poursuivi l’Église catholique, mais un juge de la Saskatchewan a statué en 2015 que l’institution avait rempli ses obligations juridiques et financières.
Le gouvernement fédéral n’a pas fait appel du jugement — une décision qui a également fait l’objet d’un examen minutieux.
Le rôle joué par l’Église catholique dans les pensionnats fédéraux pour Autochtones a resurgi l’année dernière après la découverte de tombes non marquées sur les sites d’anciennes écoles. On estime que 150 000 enfants autochtones et métis ont été forcés de fréquenter des pensionnats fédéraux. Plus de 60 % de ces écoles étaient tenues par des membres de l’Église catholique.
Le pape François a déclaré l’année dernière qu’il était disposé à venir au Canada. Les leaders autochtones ont déclaré que tout voyage devait s’accompagner d’excuses. Une délégation autochtone qui devait se rendre au Vatican pour rencontrer le pape en décembre a dû reporter son voyage en raison du variant Omicron.
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Le «Programme de soutien en santé: résolution des questions des pensionnats indiens» offre une ligne d’assistance téléphonique pour aider les survivants des pensionnats et leurs proches qui souffriraient de traumatismes provoqués par le rappel d’abus passés. Le numéro est le 1-866-925-4419.